Marie est enseignante, conseillère pédagogique et blogueuse. Jeanne est enseignante en CE1-CE2 et partage sa vie de maîtresse sur Youtube. Stéphanie est enseignante en cycle 3 et blogueuse. Nous les avons interviewées sur le sujet incontournable de la bibliothèque de classe. On passe le micro 🙂
1. Faire battre le cœur de la classe
Marie raconte : « La bibliothèque de classe n’est pas juste un aménagement intéressant. Pour moi, c’est le cœur de la classe. J’aime y installer en même temps le coin regroupement, celui où on s’installe confortablement tous ensemble. Pour l’enseignant, ce coin peut servir au partage complice de la lecture avec les élèves, en classe entière ou un par un. Lire un livre « genou contre genou » avec un élève timide, difficile ou hésitant, un livre qu’il a choisi, aimé, a toujours été pour moi un moment important pour redonner tout son sens à mon métier. »
Jeanne explique : « Avoir sa propre bibliothèque de classe permet d’avoir accès aux livres à tout moment, lorsqu’un travail est terminé, pendant les temps d’autonomie, pendant les travaux en atelier ou en classe flexible. Cela permet aussi d’organiser des activités en petits groupes dans un espace de lecture ».
2. Transmettre le goût de la lecture aux élèves
Marie souhaite partager le goût des bons livres aux élèves. Sa bibliothèque de classe l’aide à construire leur projet de lecteur.
« Avoir une bibliothèque de classe est indispensable de la maternelle au CM2 ! Les histoires lues et racontées restent dans la mémoire des enfants. J’ai enseigné longtemps à des élèves qui ne connaissaient que très peu les livres et le plaisir d’écouter une histoire. La bibliothèque de classe est le lieu du choix où tout est possible, même aimer lire ! Il suffit de trouver des livres pour chaque niveau ».
Stéphanie choisit des livres très variés pour que tous les élèves s’y retrouvent. Romans historiques, policiers, de fiction, documentaires, poésies, livres en anglais, pièces de théâtre, contes et bandes dessinées sont les bienvenus dans la bibliothèque de classe ! Il faut qu’il y en ait pour tous les goûts.
3. Différencier les apprentissages
Marie nous raconte : « Il suffit d’avoir des livres de niveaux variés et gradués, pour que chacun trouve un support à son niveau. Pour le choix, je classe les livres par niveau de lecture, et j’utilise la méthode des cinq doigts : je lis la première page d’un livre. Je compte sur mes doigts les mots que je ne suis pas capable de lire ou que je ne comprends pas. S’il y en a plus que 5 avant la fin de la première page, ce livre est trop difficile pour moi, je dois en choisir un autre.
Si en plus on trouve des livres sur le foot, les poneys, les jeux vidéo, des BD, des magazines, chaque enfant peut trouver un livre à son goût. C’est un moteur très important de l’apprentissage. Pour cela, il faut des temps de lecture autonome et libre ! »
4. Faire grandir les élèves
La bibliothèque de classe de Marie l’aide à donner confiance aux jeunes lecteurs et à leur enseigner les usages sociaux de la lecture. « Dans certaines familles, on ne lit pas. Dans d’autres, seulement si besoin, ou seulement des magazines. Or, la lecture ne peut pas être qu’utile. Petit à petit, les élèves découvrent qu’il existe des formes de lectures variées en fonction de leurs besoins et de leurs envies. J’adore apporter à mes élèves tout ce que j’ai lu dans la semaine : des journaux, un magazine de déco, des sites internet, les SMS de ma fille, un énorme roman, un bouquin de pédagogie incompréhensible, une recette de cuisine… Quand ils pensent à la lecture, ils oublient ce type de lectures !
Quand le livre choisi arrive à la maison, les parents se remettent à la littérature jeunesse ! L’enfant devient passeur. Ce n’est pas toujours un rôle facile à endosser, suivant sa personnalité et le milieu dans lequel il vit. Mais, quand il apprend à lire et qu’il est fier de montrer ce qu’il sait faire, il y arrive. »
5. Travailler la compréhension et la recherche d’informations
La bibliothèque de classe nous permet de construire des réseaux par auteurs, par thèmes, par types d’écrits. Cela peut se faire de manière formelle, par la lecture, ou de manière informelle par les élèves : « Tu as vu, c’est le même personnage et le même auteur ».
Lorsqu’un élève pose une question dans un autre cadre que celui de la bibliothèque de classe, comme « Maîtresse, ils mangent quoi les dauphins ? », l’enseignant peut le renvoyer vers les livres documentaires. L’élève apprend ainsi à rechercher des informations qui l’intéressent.
6. Réussir facilement votre projet de bibliothèque de classe
Jeanne, Marie et Stéphanie vous partagent maintenant quelques astuces. Avec du matériel de récup’, un petit budget ou en se mettant à plusieurs, vous pouvez créer facilement votre bibliothèque de classe !
Utiliser du matériel de récup’
Dans la classe de Stéphanie, la bibliothèque est un simple meuble de la classe avec des séparations ! Elle a collé des étiquettes sur les meubles pour aider les élèves à ranger les livres.
« Pour le matériel, employez les moyens du bord ! On peut récupérer des casiers, des étagères, des meubles faits sur mesure par la mairie… Ce qui est important, c’est de rendre le lieu accueillant. Une année où je m’installais dans une nouvelle classe, j’ai expliqué aux parents mon projet de monter une bibliothèque et je leur ai demandé s’ils n’avaient pas chez eux un coussin inutile ou un tapis qui ne sert plus, voir même des boîtes en plastique. J’ai eu largement de quoi aménager un coin bibliothèque accueillant avec les élèves qui ont d’ailleurs adoré s’investir dans ce projet », raconte Marie.
S’y mettre à plusieurs
Vous pouvez monter ce projet avec vos collègues 😉
Marie vous conseille aussi de vous rapprocher de la BCD (bibliothèque centre documentaire) de l’école, si vous en avez une. On peut aller y chercher des livres pour un projet et les garder un moment dans la classe. De même, la plupart des bibliothèques municipales ou départementales font des prêts en gros pour les classes. Cela permet de renouveler le stock régulièrement !
Construire une bibliothèque avec un petit budget
Jeanne investit le budget qu’elle peut dans la bibliothèque. Elle remplit les étagères petit à petit, en fonction des brocantes, des dons des familles ou même des habitants du quartier !
Marie : « La bibliothèque idéale a un coût, bien sûr ! On peut faire petit à petit avec les dons, les prêts ou avec Internet. Les enfants vont les manipuler, tourner les pages, les oublier dans un coin, et les livres vont s’abîmer, même si on leur apprend à en prendre soin ! Il vaut mieux le savoir : il faudra renouveler le stock, plutôt que d’être déçu ou d’interdire aux enfants d’y toucher. »
Merci à Stéphanie du blog La classe de Stefany Jeanne de la chaîne Youtube Entrez dans ma classe et à Marie du blog Graines de livres pour leur participation !