Je me suis lancée dans la classe flexible et dans les centres car certains points de mon enseignement ne me convenaient pas. Même en faisant de mon mieux, je n’arrivais pas à TOUS les amener à s’investir. La différenciation que je mettais en place ne marchait pas toujours. J’avais l’impression d’être partout et nulle part à la fois.

Le travail en centre d’autonomie, m’est alors apparu comme une réponse à mes difficultés d’enseignante. Par cette nouvelle façon de travailler, les élèves sont au cœur de leurs apprentissages et en action. 

1. Qu’est ce qu’un centre d’autonomie ?

Un centre d’autonomie est un espace où l’élève se voit proposer différentes activités pour travailler une même compétence. 

Je leur laisse donc une certaine liberté dans le choix de leur travail. L’objectif est de pousser les élèves à choisir et à s’investir.

J’ai découvert les centres d’autonomie grâce à Debbie Diller, une auteure canadienne qui accompagne des enseignants dans l’enseignement en classe flexible. Ses ouvrages : Aménager sa classe pour favoriser sa classe et Les centres de Littératie ont été des révélations.  À peine ces livres refermés, je me suis engagée dans ce grand bouleversement pédagogique qu’est la classe flexible.

Il y a une multitude de centres qui peuvent être mis en place dans une classe. 

Pour ma part, voici les centres qui sont aujourd’hui présents dans la mienne :

• Le centre d’écriture pour s’essayer à l’écriture ou à la copie
• Le centre des mots pour faire des activités de phonologie et d’étude de la langue
• Le centre de lecture pour développer la lecture-plaisir, lire à l’autre, lire à deux, comprendre. C’est un centre où les élèves peuvent partager sur leurs lectures à l’oral ou à l’écrit.
• Le centre d’écoute pour écouter des histoires, de la musique et échanger
• Le centre de poésies pour lire de la poésie, choisir celle à apprendre, la copier, l’illustrer, la mémoriser, s’entraîner à la récitation…
• Le centre informatique pour faire du traitement de texte, jouer sur des logiciels éducatifs, faire des recherches…
• Le centre artistique pour créer

Dans chaque centre, l’élève trouve tout ce dont il a besoin pour travailler. 

2. De quoi a-t-on besoin pour créer un centre ?

Il n’y a absolument aucun matériel indispensable à avoir dans sa classe pour se lancer dans les centres, à part le matériel déjà présent en classe. Une plastifieuse est tout de même utile pour la survie de vos différentes activités. 

Les centres ne demandent pas non plus d’avoir une grande classe. Mon centre des mots tient par exemple dans une tour en plastique à 3 niveaux posée sur le sol. Le centre de poésie est sur un meuble avec des livres de poésies, des poèmes plastifiés et des affichages pour aider les élèves à savoir où ils en sont. 

J’ai monté ma classe flexible avec uniquement l’argent de la mairie pour les fournitures scolaires et ma coopérative de classe. Je privilégie Le Bon Coin, les applis de dons comme GEEV et le système D pour ma classe. Le plus important dans une classe flexible est la posture de l’enseignant plus qu’un changement de mobilier. On peut faire une classe flexible sans ballon !

3. Quelle organisation est à mettre en place pour que ça marche ?

Les élèves se rendent dans les centres 30 minutes par jour sur un temps obligatoire ou dès qu’ils ont un moment de libre et qu’ils en ont envie. J’y consacre donc 2 créneaux de 30 minutes par jour, car ils se rendent dans les centres par demi-classe (12 élèves).

Les enfants savent exactement dans quel centre ils doivent aller grâce à un système d’étiquettes. Tous les soirs avant de partir, le responsable des centres descend les étiquettes d’une ligne afin de procéder à un roulement.

Les enfants sont en totale autonomie dans les centres puisque je suis avec les autres pour un moment d’apprentissage guidé. Ils doivent donc s’entraider s’ils sont en difficulté. Je viens faire un point sur leur travail lors du rangement des centres et nous faisons régulièrement des « retours de centres » où les élèves peuvent montrer ce qu’ils ont fait ou revenir sur une difficulté. 

Quelques conseils pour réussir à embarquer ses élèves :  

1. Pas plus de deux dans les centres, pour limiter le bruit et favoriser le travail
2. Expliquer puis montrer comment on fait. Il faut que les élèves voient la maîtresse et leurs camarades faire
3. Ne pas mettre toutes les activités d’un seul coup pour susciter l’intérêt des élèves. Un centre est un espace en constante évolution. On ajoute, on enlève régulièrement des activités.
4. Valoriser les productions des élèves, en affichant leurs productions dans les centres ou dans un espace dédié à leur réussite dans la classe

Pssst… Proposez des idées d’activités dans chaque centre pour aider l’enfant à savoir ce qu’il peut y faire. 

4. Pour les élèves, ce n’est que du plus !  

Les enfants développent des compétences de communication, de créativité, de collaboration, de résolution de problèmes, en même temps que leur autonomie. Les centres sont de véritables outils de différenciation permettant à chacun d’avancer à son rythme. 

Un autre enjeu est aussi celui du rapport à nos élèves. Les élèves ont la possibilité de nous surprendre par leurs bonnes idées et leur ingéniosité. Je suis étonnée de la qualité de ce qu’ils peuvent produire quand on leur laisse de la liberté. Régulièrement, ils font mieux que ce que j’aurais pu imaginer et rendent la tâche encore plus complexe que celle proposée au départ.