Les élèves tweetent leurs dictées
3 min. de lectureJe me suis dit « chouette, voilà une bonne occasion de produire des écrits courts régulièrement ! » Oui, bon, les « écrits courts réguliers » c’est mon leitmotiv.
Je suis entré dans la twictée il y a deux ans, sans trop réfléchir.
Je me suis dit « chouette, voilà une bonne occasion de produire des écrits courts régulièrement ! » Oui, bon, les « écrits courts réguliers » c’est mon leitmotiv.
Il faut dire que mes élèves n’aiment pas trop laisser une trace. Ils sont plutôt dans l’agir, avec des émotions à fleur de peau..
Je rentre en contact par Twitter avec mes deux collègues partenaires dès la parution de la cartographie des classes participantes. Ça nous permet de caler le calendrier des deux semaines en fonction de nos classes et des imprévus. Et puis c’est l’occasion de rencontrer de super collègues !
C’est après m’être inscrit que j’ai réalisé l’énormité de mon projet. Pour trois raisons :
- bien qu’enseignant, je n’aimais pas la dictée
- entre l’apprentissage de la lecture et les jets de trousse, je voyais mal la grammaire prendre place dans ma classe
- non mais, la dictée ! Ce vieux truc de réac’ qu’on agite dès qu’un résultat sur le niveau d’orthographe (forcément en baisse) parait dans la presse…
Et puis j’ai entendu un moteur qui tournait déjà. Alors j’ai attaché ma ceinture et j’ai embarqué dans la « navette spatiale twictée ».
1. Quand on entre dans une fusée, au début, tout semble très compliqué…
Il y a des fils partout, des manettes, des écrans, des documents à lire…
La twictée, c’est des épisodes de 3 semaines.
Lors de chaque épisode, trois classes sont associées. Il faut d’abord trouver les classes avec qui on va travailler puis préparer un texte entre enseignants.
Ensuite les élèves écrivent seuls puis en groupe, sur feuille puis au clavier. La classe miroir récupère leurs twictées. Puis, les élèves travaillent sur les twictées de la classe scribe pour laquelle ils rédigent des messages de correction structurés, les #twoutils. Enfin, c’est la réception des #twoutils de la classe miroir.
Comme tout bon twictonaute, on a le tournis au début de l’aventure. Mais après, c’est l’amour fou.
2. Après le décollage, quelle vue !
Première étape, on se retrouve associé à une classe qui recevra nos 8 dictées de groupe et une classe qui nous enverra les siennes.
Pour les élèves, c’est chaque fois l’occasion de prendre un peu de hauteur et de faire de la géographie. Imaginez ! On peut se retrouver associés à une classe francophone de San Diego (Californie) et à une autre à Dubaï ! Les yeux de mes élèves pétillent dès qu’on sort la carte du monde.
Je rentre en contact par Twitter avec mes deux collègues partenaires dès la parution de la cartographie des classes participantes. Ça nous permet de caler le calendrier des deux semaines en fonction de nos classes et des imprévus. Et puis c’est l’occasion de rencontrer de super collègues !
La twictée, c’est un formidable outil de réflexion sur l’écrit. Les relations entre les mots sont décryptées, analysées, scrutées, manipulées.
Et pour garder cet intérêt intact, j’ai choisi de n’embarrasser ni mes élèves ni les classes partenaires avec le vocabulaire.
Le premier réflexe en classe, c’est donc de découvrir l’orthographe de certains mots de la dictée. Pour les moins confiants, le lexique est même disponible pendant la phase de dictée. Si mon objectif est de faire travailler le pluriel dans le groupe nominal, quel intérêt de surcharger avec des mots qui risquent d’être mal orthographiés ?
C’est d’ailleurs la séance que je préfère. Pour la plupart des mots, je les dicte, on compare les graphies, et après on cherche comment dessiner le mot pour mieux en retenir l’élément piège. Ça donne lieu parfois à de superbes mot-images !
Les deux étapes suivantes sont liées.
Il faut d’abord écrire le texte sous la dictée. C’est individuel. Ensuite il faut se regrouper pour ne proposer que 8 textes à notre classe partenaire.
Dans ma classe c’est facile : j’ai des petits groupes tout faits puisque je vois mes élèves par groupe de 4. Mais je ne peux pas laisser mes élèves échanger pour produire un texte consensus. Impossible lorsque l’autre représente un danger.
Alors je teste différentes méthodes. En ce moment par exemple, deux élèves volontaires écrivent chacun d’un côté du tableau. Ensuite, nous comparons leurs deux textes pour n’en garder qu’un.
Vient enfin l’étape #twoutil. Nous avons reçu les textes de notre classe scribe, il faut maintenant repérer les erreurs et écrire des messages pour faciliter leur correction. C’est ce qu’on appelle un #twoutil.
Je donne des objectifs d’apprentissage précis à mes élèves. J’ai donc décidé de ne pas utiliser les textes bruts, mais de réécrire des textes avec des erreurs qui correspondent aux compétences de chacun de mes élèves. Ça prend du temps ? Pas tellement, grâce à ça : outil de récolte et de traitement des textes #twictée.
Pour catégoriser chaque erreur, nous prenons le temps de réfléchir en groupe, à l’aide d’étiquettes.
Une étiquette pour catégoriser les erreurs
Chaque élève produit ensuite son #twoutil. D’abord sur feuille, ensuite à l’ordinateur.
Catégoriser une erreur et rédiger un #twoutil, ça s’apprend. En classe, j’ai ritualisé l’exercice pour une appropriation réussie par les élèves.
3. Quand on revient sur Terre, c’est avec des images extraordinaires en tête.
L’épisode à peine fini, on n’a qu’une envie : recommencer !
Avec la twictée, la grammaire est concrète. On manipule des phrases et des concepts dans tous les sens. Pour mes élèves, en grande difficulté dans l’abstraction et la flexibilité mentale, leur implication dans le dispositif est la meilleure des cautions.
Ce qu’il y a de bien avec la communauté des twictonautes, c’est son sens du partage. On a un problème ? Quelqu’un a une solution. Les idées de travail de la grammaire en classe fusent. On découvre tous les jours une nouvelle pratique, un support adapté.
La twictée n’a pas seulement changé mon regard sur l’exercice de la dictée et la façon d’aborder la grammaire en ITEP. Elle a changé ma pratique et ma réflexion sur la langue en profondeur.
Crédits photo : Pierre