Cet article vous fait découvrir l’orthographe illustrée et vous montre comment vous en servir en classe.
Le principe de l’orthographe illustrée est d’associer une histoire à un mot afin d’en mémoriser l’orthographe et le sens.
1. Alice, c’est quoi l’orthographe illustrée ?
J’ai découvert l’orthographe illustrée en explorant la toile à la recherche de techniques pour aider à la mémorisation de l’orthographe lexicale. Nous accueillons en ULIS des enfants qui ont fréquemment des difficultés de mémorisation et qui, après avoir essuyé de nombreux échecs, n’ont plus confiance en eux. La dictée devient alors leur pire cauchemar !
Avec l’orthographe illustrée, les lettres du mot sont transformées en une illustration de l’histoire qu’on associe au mot.
Il existe plusieurs ouvrages qui proposent des mots illustrés (cf. les ouvrages de Michel Hulin ou Sandrine Campese, entre autres) ainsi que d’importantes ressources sur Internet (dictionnaire visuo-sémantique du collectif Gre10).
Le plus efficace reste de laisser l’imagination des élèves faire tout le travail !
2. Comment mettre en place l’activité en classe ?
C’est une activité qui ne nécessite ni matériel ni organisation particulière. Je me suis lancée en fin de journée un vendredi, après une journée sportive. Je n’attendais rien de particulier de cette activité et, comme souvent dans ces cas-là, les résultats ont largement dépassé mes espérances.
Pour commencer, j’écris un mot au tableau. On en explique le sens puis je confie la mission à un élève de transformer ce mot en utilisant ses lettres. Chaque élève peut avoir un mot à transformer ou le travail peut se faire en binôme.
Les possibilités sont presque infinies et dépendent de l’organisation de la classe. Il est bien sûr plus facile de faire ce travail au tableau dans un dispositif ULIS, avec un groupe restreint que dans une classe de CM1/CM2 de 30 élèves ! L’exercice peut alors se faire sur le cahier de brouillon, des feuilles blanches, en groupe, en autonomie…
3. Pourquoi c’est chouette ?
C’est chouette pour les élèves car ils apprennent sans en avoir l’air. À 8 ans, préfèreriez-vous dessiner et colorier ou recopier 100 fois un mot pour en mémoriser l’orthographe ? 🙂
C’est chouette pour la maîtresse car cela permet aux élèves de progresser (réponse institutionnelle).
C’est chouette pour la maîtresse car cela permet de mieux connaître ses élèves, de partager des moments « pâte à tartiner au chocolat » où apprentissages riment avec rigolade (réponse d’une maîtresse gourmande de chocolat et d’éclats de rire).
4. Vous nous montrez en photos ?
L’oignon qui fait pleurer :
Le peigne pour la princesse :
La cigogne à grandes pattes !
Avec des craies en couleur, c’est encore mieux !
5. Gardez-vous une trace de l’activité ?
Je garde des photos de l’activité lorsque nous travaillons au tableau.
Sinon les élèves gardent leurs dessins dans leur porte-vues.
6. Avez-vous d’autres astuces pour progresser en orthographe ?
J’aime les moyens mnémotechniques ! Plus ils sont tirés par les cheveux, plus j’aime ! Chez nous, les adjectifs ne sont pas épithètes mais tête contre tête ; ils ne sont pas attributs mais séparés par un but de foot (le verbe). Vous ne comprenez pas ? C’est normal ! Chaque histoire est créée avec les élèves et hors contexte elle ne sert à rien. Les élèves mémorisent autant l’histoire que le moment où elle a été inventée et les éclats de rire qu’elle a générés.
En fonction du profil d’apprentissage de l’élève, les outils diffèrent. J’aime beaucoup les Multimalins pour les tables de multiplication ou la conjugaison. Cela fonctionne bien avec les élèves plutôt visuels.
Il m’arrive aussi de « chanter » l’orthographe pour les élèves « auditifs ». Sachant que je chante très faux, les élèves ont intérêt à mémoriser vite s’ils veulent que j’arrête !!!
7. C’est quoi l’ASH pour vous ?
Tous les enseignants ont dans leur classe, ordinaire, des enfants « extra-ordinaires », qui n’entrent pas dans les cases, qui ne semblent pas faits pour l’école. Mais avec des classes toujours plus chargées, les enseignants n’ont plus le temps de faire tout ce qu’ils voudraient pour ces enfants. Ce sont les élèves qui doivent alors s’adapter au système scolaire.
La politique et la critique gratuite du système ne m’intéressent pas, je préfère agir. Dans mon dispositif ULIS, je propose les adaptations nécessaires à l’épanouissement des enfants. Je ne parle volontairement pas de progrès scolaires, ils viennent après ! Les enfants ont d’abord besoin de se sentir bien dans leurs baskets, bien dans leur école pour ensuite devenir élèves.
Dans l’ASH, nous sommes également « personne ressource », c’est-à-dire que nous pouvons épauler nos collègues de l’ordinaire lorsqu’ils rencontrent des problèmes avec un élève. Attention, il ne s’agit pas de donner des leçons de pédagogie mais bien de proposer des solutions prêtes à l’usage.
Tel élève est dysgraphique ? Je donne une pochette de feuilles de lignage dys pour essayer. Tel élève n’arrive pas à décoder les sons complexes ? Je fournis un texte coloré et si cela fonctionne, je propose une formation accélérée à LireCouleur.
8. Un petit conseil à partager aux profs qui se lancent ?
Faites confiance à vos élèves ! Ne leur donnez pas trop de directives. Même si leurs histoires vous semblent tirées par les cheveux et impossibles à retenir, laissez-les créer, tâtonner, effacer, recommencer…