M@ths en-vie donne du sens à l’enseignement des mathématiques en utilisant l’environnement proche des élèves. On vous montre.

Maths Express

Rencontre avec M@ths en-vie

By lucile

February 25, 2020

M@ths en-vie est un projet créé par Christophe Gilger, Erun et super chef de la rubrique Maths Express sur Beneylu Pssst et Carole Cortay, conseillère pédagogique. Nous les avons interviewés.

Les élèves travaillent les maths à partir de photos prises dans leur environnement proche.

Le principe est très simple ! M@ths en-vie donne du sens à l’enseignement des mathématiques en utilisant l’environnement proche des élèves, notamment à travers la photographie. On vous montre. 🙂

1. Qu’est-ce que c’est M@ths en-vie ?

M@ths en-vie est un projet interdisciplinaire en français et mathématiques avec utilisation d’outils et de ressources numériques (ordinateur, tablette, appareil photo numérique, blog ou site d’école, logiciels photo, internet…). M@ths en-vie vise à améliorer les compétences des élèves en mathématiques et en résolution de problèmes en prenant appui sur des photos numériques ou des ressources en ligne.

À l’ouverture de la boulangerie, il y avait 5 tartelettes à la framboise et 5 au citron. Combien ont été achetées ?

M@ths en-vie est un projet de la circonscription de Saint-Gervais / Pays du Mont-Blanc. Il s’adresse aux élèves des trois cycles de l’école primaire. Les activités peuvent être déclinées au collège, notamment dans le cadre de la liaison cycle 3.

M@ths en-vie repose sur deux objectifs :

L’intégration des outils numériques dans la démarche pédagogique se fait sur deux plans :

Les supports numériques contiennent des éléments mathématiques qu’il est nécessaire de prélever pour pouvoir résoudre le problème.

L’enquête commence !

On voit les problèmes sous un autre angle 😉

2. D’où vient l’idée ?

Nous n’avons rien inventé. Nous sommes partis d’un échange entre deux classes du Québec qui s’envoyaient des photos de leur environnement proche. Les élèves devaient alors retrouver des éléments ou des propriétés géométriques : parallèles sur un parking, formes d’objets divers, perpendiculaires sur le marquage au sol de la cour…

Nous avons trouvé cette initiative très intéressante. Notre souhait était alors d’en faire un dispositif couvrant tous les autres champs des mathématiques avec les grandeurs et mesures ainsi que les nombres et calculs. Nous voulions aller au-delà d’un défi ponctuel entre classes en créant des activités diversifiées du cycle 1 au cycle 3, notamment autour de la résolution de problèmes.

Les élèves proposent leurs propres énoncés.

Le projet a commencé il y a deux ans et il ne cesse de grandir. L’enthousiasme des enseignants autour de ce dispositif nous pousse à créer sans cesse de nouvelles ressources et de nouvelles activités. Nous sommes d’ailleurs en train de structurer notre travail autour d’une classification s’appuyant sur le sens (problèmes d’augmentation, de diminution, de comparaison et de réunion/partage) et inspirée de celle de Vergnaud.

Nous proposons désormais des outils de modélisation qui pourront aider les élèves les plus en difficulté pour résoudre leurs problèmes. Nous construisons également des répertoires de problèmes, d’ores et déjà accessibles, directement utilisables en classe.

3. Quel est l’objectif de M@ths en-vie pour les élèves et le prof ?

Le dispositif permet, pour l’enseignant et l’élève, d’envisager la résolution de problèmes sous un autre angle. Une expérimentation menée auprès de 179 élèves de 9 classes a montré l’intérêt d’un tel dispositif pour amener les élèves en difficulté en entrer dans une recherche en résolution de problème. → Voir les résultats de l’expérimentation.

On a remarqué que les élèves en difficulté mettaient alors en œuvre des procédures pertinentes et du sens dans leur activité. Les résolutions « mécaniques » (j’ajoute sans me poser de question toutes les données proposées dans l’énoncé) disparaissent totalement au profit d’une vraie réflexion. La non-présence de toutes les données dans l’énoncé et l’amorce de représentation donnée par la photo permettent aux élèves d’entrer dans une phase de recherche active.

Les élèves cherchent les indices dans les photos.

Le dispositif permet de mettre facilement en place des différenciations au sein de chaque activité. L’élève devient acteur en mathématiques. Il produit des consignes, des énoncés, argumente, justifie, teste, confronte, valide… Les activités de groupe sont favorisées et les échanges permettent aux élèves de mobiliser du vocabulaire spécifique et les concepts mathématiques.

Effets sur les apprentissages et les pratiques enseignantes :

4. Comment participer en classe ?

Le dispositif est facile à s’approprier car il s’intègre dans la programmation de l’enseignant. Il ne s’agit pas d’une méthode, mais d’activités à mettre en œuvre, dans le cadre des apprentissages.

L’utilisation des outils numériques peut se faire de façon très progressive, d’un simple appareil photo numérique jusqu’à l’usage de réseaux sociaux ou d’outils collaboratifs pour correspondre avec d’autres classes.

Le travail en maîtrise de la langue, non visible dans un premier temps par les enseignants s’engageant, est systématiquement investi dans toutes les situations : oral (justifier ses propos, argumenter, faire des hypothèses…), vocabulaire (mots se rapportant aux distances, aux prix…), production d’écrits (consignes, phrases interrogatives…).

Le projet tourne autour des activités suivantes :

Combien y a-t-il de tricycles ? Combien y a-t-il de roues au total ?

Voici le descriptif de toutes les activités : cliquez ici Plusieurs outils sont disponibles pour débuter avec M@ths en-vie :

5. Qu’en pensent les élèves ? Et les profs ?

L’idée est d’amener les élèves à percevoir le monde qui les entoure sous un angle mathématique. On peut espérer, qu’à plus ou moins long terme, les différentes situations menées en classe vont amener les élèves à se poser des questions mathématiques :

Une enseignante m’a rapporté les propos d’un de ses élèves, très révélateurs : « Maîtresse, c’est la première fois qu’en mathématiques, on crée ! ». En effet, bien trop souvent, les élèves sont simples exécutants : calculs d’opérations, résolutions de problèmes, exercices d’entraînement… Grâce aux activités de M@ths en-vie les élèves vont pouvoir produire des contenus, entrer dans une vraie réflexion mathématique et devenir chercheurs !

Les élèves entrent dans une vraie réflexion mathématique.

Témoignage d’un enseignant : “De se retrouver assis sur des bancs devant l’écran les motive particulièrement. Le fait de quitter leur table, d’être dans une recherche vraiment collective. Le fait aussi, je pense, de partir d’un support photo. J’étais assez sceptique sur l’intérêt de la démarche mais là, je vois tous les élèves en situation de recherche, ce que je ne voyais pas forcément avec des supports écrits.”

6. Par où commencer ?

La participation est libre. Chacun peut se saisir des situations et des outils proposés via les différents canaux, pas d’inscription donc ! Par expérience, nous avons remarqué que les enseignants s’emparaient dans un premier temps d’un domaine qui leur « parlait » et au vu des effets rencontrés investissaient les autres champs des mathématiques au travers d’autres activités. Les activités de catégorisation en maternelle ou les ateliers d’écriture d’énoncés de problèmes accompagnés de sorties mathématiques peuvent être de bonnes portes d’entrée.

Vous pouvez maintenant imaginer des problèmes à partir de photos prises dans l’environnement proche des élèves.

Commencez par découvrir les différentes activités possibles qui sont proposées sur le site, voir des exemples de problèmes posés et c’est parti ! Pour la semaine des mathématiques, nous proposons des défis. Cliquez ici.

Si dans un premier temps, l’enseignant peut proposer des problèmes qu’il aura lui-même conçus ou pioché dans les banques disponibles afin de montrer à la classe le principe (données à prélever sur une photo), on invitera ensuite les élèves à produire leurs propres problèmes avec leurs propres photos. Cela peut être déstabilisant pour l’enseignant dans un premier temps, mais on sous-estime souvent la créativité de nos élèves et l’énergie qu’ils peuvent mettre dans la résolution de leurs énoncés. Se constituer des banques de problèmes est une activité qui va générer de nombreuses interactions, des questionnements, des échanges… Bref, développer de l’intérêt pour les mathématiques !