Les sacs à malices pour accompagner les élèves extra-ordinaires
6 min. de lectureAlice en ULIS vous ouvre ses sacs à malices pour aider vos élèves à surmonter quelques difficultés en lecture, écriture et mathématiques.
L’enseignant bricoleur bidouilleur est une espèce en plein développement. Reconnaissable à sa cape de super-héros (et au chocolat caché dans son bureau), il ne sort jamais sans son sac à malices rempli d’astuces pour aider tous les élèves au quotidien.
Petit tour d’horizon de mon sac à malices (ne rêvez pas, je ne partage pas mon chocolat !).
1. Les pictogrammes
On ne va pas se mentir, tous les élèves ne sont pas aussi bavards que deux enseignants après un passage chez Action. Qu’ils soient mutiques, dysphasiques, allophones ou tout simplement timides, les difficultés langagières ou de communication sont très répandues dans les classes. Mais, il existe bien des manières de communiquer avec un enfant ! Ma préférée : les pictogrammes.
Bien connus des enseignants et parents d’enfants présentant des troubles du spectre autistique, ces petites images illustrent les objets et actions de la vie quotidienne : de “se laver les mains”, en passant par les Legos® ou le verbe “colorier”, vous trouverez forcément de quoi illustrer votre emploi du temps ou même rédiger un scénario social 100% imagé pour en faciliter l’accès aux élèves extra-ordinaires.
Et pour la communication ? Avec un peu d’entraînement, adultes et enfants peuvent tout à fait communiquer en échangeant des “picto” imprimés et plastifiés ou même en utilisant une application dédiée sur smartphone. Il en existe plusieurs, gratuites sous Androïd ou iOS. Je vous conseille PictoTEA, très facile de prise en main, vous pourrez même y ajouter vos propres images pour personnaliser le contenu (photos des jeux de la classe, des lieux ou des adultes de l’école).
Il existe plusieurs banques de pictogrammes. Certaines sont payantes, d’autres gratuites. Du côté des banques gratuites, je vous conseille vivement celle de l’ARASAAC, disponible en plusieurs langues, et pour naviguer dans les milliers de petites images : le logiciel PictoSelector.
Vous l’aurez compris, j’ai une passion toute particulière pour ces petits “picto” dont j’use et abuse dans de nombreuses circonstances tant leur potentiel est sans limite. Voici quelques exemples d’utilisation, non exhaustives.
En maternelle, pour des élèves en difficulté de lecture et/ou compréhension, les pictogrammes peuvent servir à coder des albums.
En élémentaire, les pictogrammes peuvent servir à coder des dictées pour faciliter la segmentation des mots. Petite devinette : à votre avis, quelle est cette phrase ?
Exemple d’une phrase de dictée utilisant les pictogrammes.
Réponse : Le chat dort sur le canapé.
Ils peuvent même aider à la compréhension de situations problèmes en mathématiques.
Je m’arrête là avec cet outil car j’ai encore beaucoup de choses à vous présenter. Si vous êtes intéressés, je vous invite à consulter le site de l’ARASAAC pour plus de ressources http://www.arasaac.org/.
2. La lecture et Sir Tellimero
Les difficultés en lecture sont vécues comme un frein dans tous les domaines par les élèves qui en souffrent. Combien de fois avez-vous entendu un élève vous dire, pendant la séance d’histoire, alors que vous demandiez d’étudier un document “Mais maîtresse, je ne sais pas lire !” ? Soit, mais à l’heure du numérique, plusieurs outils existent pour aider ces élèves à gagner en autonomie et, de fait, en confiance et en estime de soi.
Le premier outil est bien sûr le dictaphone : sur un smartphone ou sur un dictaphone, vous pouvez enregistrer un texte en histoire, une poésie ou une leçon d’anglais, et en faire profiter la classe quand vous le souhaitez !
Pssst... Ma petite astuce, c'est d'enregistrer un rappel des règles de vies de classe sur le dictaphone pour éviter de finir aphone dès le 3 septembre ! On ne mange pas sa gomme ! On ne mange pas sa gomme ! On...
Bref ! Cette année, je suis allée plus loin et j’ai investi dans un cousin du dictaphone : le Tellimero. Mes enfants vous diront qu’il ressemble à un stylo-dictaphone-carotte bleue, en référence au dessin animé Zootopie. Ils ne sont pas loin de la vérité puisque qu’il s’agit en tout premier lieu d’un dictaphone “intelligent”.
Son principe ? Vous associez une pastille autocollante à un texte quel qu’il soit, vous scannez la pastille avec Sir Tellimero (je vous assure, il mérite bien un petit titre de noblesse !), vous vous enregistrez lisant ce texte et… c’est fini ! À chaque fois qu’un élève scannera la pastille, il pourra entendre la version audio du texte. Et bien sûr, pour ne pas gêner les autres élèves, des écouteurs peuvent être adaptés directement sur le Tellimero. Aucun passage sur ordinateur, aucun logiciel à installer, autocollants réutilisables à l’infini… Une vraie aide pour aider l’autonomisation des élèves extra-ordinaires dans tous les domaines
3. Dépoussiérer la dictée
Dictée préparée, dictée-flash, dictée-picto, autodictée ou même Twictée, le sacro-saint exercice craint par des générations d’élèves s’est aujourd’hui beaucoup diversifié et modernisé. Mes versions préférées ? La dictée négociée et la dictée à choix multiples. Pour aider les négociations et toujours dans l’optique de développer l’autonomie des élèves tout en les plaçant en réussite, j’utilise un porte-clef détaillant la stratégie de relecture à appliquer pour corriger son travail (seul ou à plusieurs) : une question à se poser et derrière, le rappel de la leçon. Chez nous, il s’appelle « Champion de dictée » et reprend notre travail en grammaire de plusieurs années. Notre outil sera complété à la rentrée par le porte-clef sur les homophones du blog mimiflexi.eklablog.com que j’adore.
Mon autre dada, notamment pour les élèves avec de grandes difficultés en orthographe : la dictée à choix multiples, mais uniquement avec des choix justifiables. Je m’explique…
Voici deux idéogrammes chinois, celui de gauche signifie « eau » et celui de droite « feu ». Il a fallu que je vérifie leur signification plusieurs fois en quelques minutes et il y a fort à parier que je devrai de nouveau la vérifier dans quelques minutes si vous me reposez la question.
Pour certains élèves, c’est la même chose ! Ils pourront voir un mot des dizaines de fois, vous pourrez l’écrire trois fois dans la dictée, ils choisiront trois fois une proposition différente. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas de stratégies pour choisir et mémoriser.
Deux astuces ↓
- Utiliser l’orthographe illustrée et ces petites histoires pour mémoriser quelques mots (pour en savoir plus, c’est ici que ça se passe : https://beneylu.com/pssst/lorthographe-illustree/ )
- Ne proposer que des choix pour lesquels l’élève a une (ou plusieurs) stratégies pour choisir
Voici un exemple d’une dictée à choix multiples pour deux élèves avec d’importantes difficultés en orthographe.
Et pourquoi pas une dictée à choix multiples négociée tout en enregistrant la discussion des élèves sur dictaphone ? Pour l’avoir testé avec les deux élèves que j’évoque plus haut, c’est très intéressant et extrêmement drôle et touchant. Au milieu des “mais chut ! la maîtresse va tout entendre !”, on peut vérifier la compréhension, au besoin, corriger les malentendus et surtout éviter la technique du “plouf-plouf picnidouille”.
4. Et les mathématiques dans tout ça ?
En numération, on ne présente plus le tableau de numération ou même le matériel de numération composé des célébrissimes cubes-unités, barres-dizaines et plaques-centaines.
Petit tour d’horizon du matériel dans mon sac à malices.
Le matériel de numération façon « Legos® »
Le plus : on peut vraiment “casser une dizaine” lorsqu’on explique la soustraction à retenues. Le summum du bonheur pédagogique !
Les cartes-nombres, les timbres et globalement les outils empruntés à la pédagogie “Montessori”
Je m’excuse d’avance auprès de puristes de cette méthode. Je n’ai pas la prétention d’utiliser tous les outils dans le plus pur style “Montessori” mais force est de constater qu’ils conduisent à des résultats très intéressants avec la plupart des élèves. C’est super pour comprendre la numération et la décomposition des nombres.
Ici un élève décompose le nombre 524.
Ici, un autre enfant s’exerçant aux tables de multiplication.
Le glisse-nombre
Pourquoi ? Toujours pour comprendre la numération ! Pour comprendre que multiplier par 10, ce n’est pas ajouter un 0, même si c’est de cette manière que papa-maman-tata-la-voisine-de-la-belle-sœur-de-tonton l’ont expliqué pendant la période d’école à la maison.
Les gabarits pour poser les opérations
Eh oui ! Me revoici avec mes gabarits, StuDys… Je vous épargne les redites et vous renvoie vers un précédent article ici : https://beneylu.com/pssst/4-bequilles-de-lecture-eleves-dys/.
Je regarde la carte mentale qui me sert de brouillon pour la rédaction de cet article et je me rends compte que j’arrive au bout des principaux outils dans mon sac à malices. Quoi ? Je ne vous ai pas parlé des cartes mentales ? Quelques éléments ici : https://beneylu.com/pssst/4-bequilles-de-lecture-eleves-dys/
Et sinon, vous vous souvenez lequel de ces deux sinogrammes signifie « eau » ? Héhé !