Expédition frigorifique dans l’Arctique canadien

Épisode 4 : Safari sur l’île de Bylot

Nous entrons dans le cercle polaire Arctique ! C’est vrai que ça se fête ! C’est le passage d’une frontière symbolique importante. Voilà pourquoi le Brabradar s’égosille et qu’on a droit aux petits fours.

Nous implorons Brabrabra de le faire taire. On n’en peut plus des neiges du Kilimandjaro…

 

Omni est rouge de colère : “Brabrabra, c’est absurde. Le Kilimandjaro est une montagne composée de trois volcans. Elle se situe dans le Nord-Est de la Tanzanie. C’est à des milliers de kilomètres d’ici… Ton Brabradar dit n’importe quoi…”

 

Mais, Brabrabra ne l’écoute pas et chantonne : “Elles te feront un blanc chapeau, où tu pourras dormir, dormir, dormir…”

 

Omni : “un blanc MANTEAU Brabrabra, pas chapeau… Grrrrr”.

 

Heureusement, Brabrabra éteint son Brabradar avant qu’Omni n’explose de rage.

 

La fête se poursuit jusque tard dans la nuit ensoleillée. Nous rejoignons nos couchettes vers minuit. Je commence à m’habituer au jour polaire, mais ce n’est pas encore le cas de Brabrabra dont les cernes sont de plus en plus marqués. Il devient presque impossible de la tirer de son lit le matin…

 

Le lendemain matin, je la croise au petit déjeuner et elle rumine déjà.

CARLA aussi a mal dormi : “J’ai rêvé qu’un immense ours polaire me rendait visite. Quelle frousse !” raconte-t-il encore tout chamboulé.

Rémy Marion nous raconte que Nanuq est un ours blanc légendaire de la mythologie inuite. Il veille sur l’ensemble des ours polaires.

 

J’évite de dire à CARLA que Nanuq est un esprit. Il risquerait de sauter par dessus bord !

 

Rémy Marion nous propose de passer la journée à observer les animaux au parc naturel de Sirmilik : “La faune est magnifique ici. Et comme le suggérait Nanuq dans ton rêve CARLA, nous devons la respecter”.

Nanuq

Nanuq signifie “ours blanc” en inuktitut, la langue des Inuits. Nanuq est le chef des ours polaires. Il fait respecter les règles de chasse aux êtres humains.

Les rêves jouent un rôle important dans la vie des Inuits. Les chamans inuits, appelés les angaloks, savent les interpréter.

Source :
· www.futura-sciences.com

“Les animaux sont gros comment ici ?” demande CARLA, déjà paniqué.

 

Nous rejoignons le pont. Le Fridtjof Nansen arrive au Nord de l’île de Baffin. Un oiseau vole au-dessus de nous. C’est une preuve de notre proximité avec la terre ferme.

 

“Voici l’île Bylot, qui appartient au parc naturel Sirmilik. C’est un espace sauvage avec une faune exceptionnelle”, indique Rémy Marion.

 

Quelle chance d’être ici ! Soudain, des dizaines d’oiseaux volent au-dessus de nos têtes.

“Ce sont des Guillemots de Brünnich ! Ils vivent dans ces falaises.” explique Madame Limande, la biologiste, derrière sa paire de jumelles.

 

Nous longeons les falaises de l’île, qui sont couvertes de nids d’oiseaux. J’aperçois des mouettes tridactyles et des oies des neiges. Les scientifiques pensent qu’il y a 70 espèces d’oiseaux dans ce refuge naturel.

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Guillemot de Brünnich

Crédits photo : Sowls art – Pixnio
Mouettes tridactyles

Crédits photo : Pixnio
Oies des neiges

Crédits photo : Menke dave – Pixnio

Source : www.canada.ca

Le Fridtjof Nansen poursuit son chemin. Nous passons le détroit d’Éclipse, puis la ville de Pond Inlet qui ne compte que 1 500 habitants.

 

Les scientifiques de l’équipage se préparent à rejoindre les zodiacs pour aller effectuer leurs recherches sur l’île.

“Allez les jeunes, en route ! Vous allez m’assister pour mon reportage animalier !” nous propose Rémy Marion.

 

CARLA est le seul à hésiter : “Et les animaux alors, ils sont gros comment ?”

 

Rémy Marion le rassure : “On ne s’en approchera pas tant que ça… Et ça te dit de piloter le zodiac ?”

 

CARLA ne peut résister à cette proposition. Il met ses doutes de côté et saute dans l’embarcation.

 

À bord du zodiac, j’aperçois au loin d’immenses créatures qui se reposent sur les rochers de la côte. Malheureusement, CARLA les remarque aussi. Il bredouille : “Des tigres à dents de sabre !”.

 

Je le corrige : “Heu… Non CARLA, ce sont des morses ! Ne sont-ils pas incroyables avec leurs dents de devant qui leur servent à percer la glace ?”

 

CARLA reste pétrifié.

 

“Ne t’en fais pas CARLA, ils ne t’embêteront pas et nous sommes loin d’eux !” tente de rassurer Rémy Marion.

 

“Quel froussard celui-là » se moque Brabrabra.

 

Pendant que Rémy Marion photographie les morses, je prends des notes passionnantes en écoutant Madame Limande et j’en profite pour partager mes connaissances.

 

“La graisse du morse lui permet de survivre à des températures négatives.” explique Madame Limande. Je complète : “En effet, et ses grandes canines peuvent atteindre 1 mètre chez le mâle et 50 centimètres chez la femelle.”

Le morse

Le morse de l’Atlantique a un museau carré et deux longues canines en ivoire pour se défendre. Il vit dans un groupe d’une centaine d’individus. C’est un animal très solidaire en cas d’attaque. Le morse est menacé par le braconnage. Il faut le protéger.

Poids : 700 kilos à 1,8 tonne.

Taille : 2,5 à 3,2 mètres.

Signe distinctif : Ses deux grandes canines.

Durée de vie : 20 à 30 ans.

Temps d’apnée : 30 minutes et jusqu’à 80 mètres de profondeur.

Source : www.thecanadianencyclopedia.ca/

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Nous accostons loin des morses pour ne pas les déranger.

 

CARLA reste méfiant : “Vous avez vu leurs dents… Ils pourraient nous manger…”

Nous suivons Rémy Marion et Madame Limande sans faire de bruit pour ne pas effrayer les animaux.

 

Rémy Marion nous a prêté de grandes capes pour nous camoufler. Forcément, CARLA fait sa star.

10. Illu-héro-photo-toundra

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Après une heure passée assis et muets, nous voyons passer un renard et quelques lièvres arctiques. Ils sont magnifiques ! Puis, nous voyons au loin des bœufs musqués et même des rennes. CARLA est blanc comme un linge et m’agripe le bras en tremblant…

 

Courage CARLA, les rennes et les bœufs musqués sont herbivores, tu ne risques rien.

Le renne

Le renne, appelé “caribou” en québécois, est présent dans de nombreuses régions du monde. Il a longtemps été chassé par les hommes. Le renne vit en gigantesque troupeau de 100 000 bêtes. Il migre tout au long de l’année et parcourt jusqu’à 6 000 kilomètres. Ses bois, qu’on appelle aussi “la ramure”, poussent du printemps à l’automne et tombent au début de l’hiver. Ils lui servent à parader et séduire les femelles, mais aussi à gratter le sol glacé à la recherche de nourriture.

Poids : 80 à 120 kilos pour la femelle adulte et 160 à 180 kilos pour le mâle adulte.

Taille : 85 à 150 centimètres. C’est plus petit qu’un cheval.

Les bois peuvent mesurer jusqu’à 1,5 mètre d’envergure.

Source : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/caribou-1

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Le renard arctique

Le renard arctique vit dans les régions polaires. Son pelage change de couleur, il est blanc en hiver et brun en été.

Poids : 2,5 à 9 kilos, c’est comme un gros chat.

Taille : 75 à 115 centimètres, dont 30 centimètres de queue touffue.

Source : www.hww.ca

Le lièvre Arctique

Le lièvre arctique vit dans la toundra. Son pelage est parfaitement adapté aux conditions climatiques extrêmes. C’est l’un des plus grands lièvres du monde ! Mais, il possède de petites oreilles pour éviter les pertes de chaleur.

Poids : 2,5 à 5,5 kilos.

Taille : 40 à 70 centimètres.

Source : http://www.museevirtuel.ca/edu/

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Le boeuf musqué

Ce bœuf peut résister aux grands froids grâce à son épais manteau de fourrure composé d’une toison laineuse isolante et de grands poils. Sa laine est 8 fois plus chaude que celle des moutons !

Poids : 180 à 410 kilos.

Taille : 2 à 2,5 mètres au garrot.

Source : www.hww.ca

Brabrabra qui s’était assoupie se réveille d’un coup, l’air inspiré. Tous ces animaux et leurs atouts pour survivre dans l’Arctique lui ont donné une idée. Elle bidouille avec son imprimante 3D de poche, la Brabraprint et sort de petits accessoires tendance pour Omni.

 

“Te voilà paré pour l’hiver”, s’amuse-t-elle !

Nous reprenons la route et rejoignons Madame Opale, une géologue. Elle a installé un campement scientifique provisoire sur l’île. Elle prélève des morceaux de sol pour ses analyses.

 

“Ces morceaux de sol en forme de carotte nous permettent de calculer l’âge et les différents événements géologiques du lieu », explique-t-elle.

La toundra et le permafrost

Toundra signifie “terre stérile”. La toundra arctique est caractérisée par de faibles températures (en moyenne – 34 degrés en hiver) et des précipitations faibles qui donnent un climat aride. Le soleil n’est présent que pendant la moitié de l’année, ce qui appauvrit la végétation et favorise les champignons et les mousses.

Le sol comporte une mince couche gelée de 25 à 100 centimètres. Cette couche gèle et dégèle tout au long de l’année. En dessous, se trouve le pergélisol, il reste gelé en permanence. La fonte de ce pergélisol à cause du réchauffement climatique provoque des problèmes géologiques et libère les gaz contenus depuis des milliers d’années. Cela accélère de plus belle le réchauffement de la planète.

Sources : www.hww.cawww.geo.fr

“Le réchauffement de la région fait fondre le permafrost, c’est la couche glacée sous l’herbe”.

 

“On pourra donc bientôt venir ici en maillot de bain ?” demande CARLA plein d’espoir.

 

“Espérons que non ! La fonte du permafrost relâche beaucoup de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui accélère le réchauffement climatique… Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la faune et la flore.”

 

Une fois ses prélèvements terminés, Madame Opale range son matériel. Nous lui donnons un coup de main, lorsque Rémy Marion nous arrête d’un geste du bras et pose son doigt sur sa bouche pour nous demander d’être silencieux.

 

Il pointe du doigt, à seulement quelques mètres de nous, un adorable renne qui nous regarde avec curiosité.

Image par Наталья Коллегова de Pixabay 

Nous restons un court moment à le regarder, émus. Soudain, un drôle de brame résonne au loin et il s’enfuit. CARLA sursaute !

 

Que d’émotions aujourd’hui ! Il est temps de retourner au brise-glace.

 

Après un bon dîner, Brabrabra s’enferme dans une salle pour finir de bricoler son Brabragérator. Elle nous promet une démonstration spectaculaire pour demain.

 

CARLA et moi nous couchons tôt et pour une fois, j’arrive à m’endormir rapidement, bercé par les flots. Malheureusement, CARLA me secoue comme un forcené après quelques minutes.

 

“J’ai vu un bateau fantôme !”

 

“C’est encore un de tes rêves CARLA” essaye de te rendormir.

 

“Non ! C’est vrai de vrai, viens voir…”

 

Je me lève, sans conviction. Mais, une fois sur le pont, il y a bien un bateau fantôme face à nous !

Beneylu Jim