L'Arctique canadien

6. Que faire pour ralentir le réchauffement climatique quand on a 8-12 ans ?

L’Arctique est la zone qui se réchauffe le plus au monde selon Météo France. Les changements climatiques concernent le monde entier mais l’Arctique est l’endroit où le réchauffement climatique va le plus vite. “C’est l’expérience accélérée de ce qu’il se passe dans le monde”, précise Romain Troublé.

 

L’Arctique n’est pas une zone isolée du reste de la planète. Au contraire, elle sert à réguler le climat mondial et les changements qui ont lieu là-bas bouleverseront notre vie ici.

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Alors, que faire quand on a 8-12 ans pour ralentir ce réchauffement climatique ? Quatre scientifiques te partagent leurs points de vue pour t’aider à répondre à la question.

 

1. Qu’est-ce qu’un point de vue ?

 

Le point de vue, c’est le lieu d’où l’on regarde quelque chose. Quand une personne donne son point de vue, cela signifie qu’elle exprime son opinion selon sa perspective. Sa perspective peut être influencée par sa personnalité, son environnement, ses compétences professionnelles, son éducation, sa culture et tout un tas d’autres choses.

 

Les scientifiques que nous avons interrogés ont chacun leur propre point de vue pour répondre à la question : “Que faire pour réduire l’impact du réchauffement climatique dans l’Arctique quand on a 8-12 ans ?”. Ils s’appuient sur leurs compétences scientifiques pour répondre à la question de la manière la plus juste possible, mais aussi sur leur vécu, leur parcours personnel et professionnel.

 

À toi de lire cet article et de choisir les actions que tu souhaiterais entreprendre pour réduire l’impact du réchauffement climatique dans l’Arctique.

 

Mais avant cela, sais-tu pourquoi le réchauffement climatique met en danger l’Arctique ?

 

2. Pourquoi le réchauffement climatique est-il un problème dans l’Arctique ?

 

Le réchauffement climatique est un problème dans le monde et en particulier dans l’Arctique où il a de nombreuses conséquences sur la banquise.

 

La banquise est très importante car elle permet de réfléchir les rayons du soleil. On parle de l’albédo. Grâce à la banquise, la plupart de l’énergie solaire est renvoyée vers l’espace !

 

Mais là où il n’y a pas de banquise, le rayonnement solaire touche l’océan. L’océan, lui, ne réfléchit pas autant la lumière solaire. Au contraire, il l’absorbe beaucoup et cela fait monter sa température. La hausse des températures de la mer fait ensuite fondre la banquise. Donc, quand la banquise disparaît, l’océan se réchauffe. Et quand l’océan se réchauffe, la banquise disparaît encore plus.

 

Aujourd’hui, cette disparition est de plus en plus marquée et les chercheurs pensent que dans une quinzaine d’années, il n’y aura même plus de banquise en Arctique l’été.

Beneylu

En plus de la disparition de la banquise, les calottes glaciaires fondent et font monter le niveau des mers. Ces bouleversements ont des conséquences sur la biodiversité. Par exemple, les ours polaires ont de moins en moins de banquise pour chasser le phoque et ils doivent se rapprocher des villages pour trouver de la nourriture au risque d’être chassés, nous raconte Rémy Marion, grand voyageur passionné d’ours polaires.

 

La disparition de la banquise est principalement due à l’effet de serre. Ce phénomène naturel est accentué par nos activités humaines qui produisent certains gaz.

 

Certaines activités humaines sont donc à l’origine des changements climatiques dans l’Arctique. Tout cela est inquiétant mais il ne faut pas avoir trop peur : on peut tous agir pour préserver l’environnement.

 

3. Comment agir quand on a 8-12 ans ?

 

Voici les points de vue des scientifiques Romain Troublé, François Sarano, Aude Lalis, Jérôme Weiss et Joanna Charlin sur la question.

 

3.1 Essaye de comprendre ce qu’il se passe dans le monde – Romain Troublé

Romain Troublé est le directeur de Tara Océan. C’est une fondation qui organise des expéditions scientifiques en mer pour comprendre les conséquences du changement climatique sur les océans.

© Marin Le Roux polaRYSE Fondation Tara Ocean 

Quand on demande à Romain Troublé si l’on peut faire quelque chose pour réduire l’impact du réchauffement climatique, il répond positivement : “Il n’y a pas de fatalité.” Autrement dit, oui, nous pouvons participer !

 

Selon lui, pour agir efficacement “il faut déjà s’intéresser à ce qu’il se passe dans le monde, se renseigner et essayer de comprendre”.

 

Tu peux commencer à te renseigner sur le réchauffement climatique dans l’Arctique et dans le monde en lisant des articles dans des revues ou sur Internet et en posant des questions autour de toi. Se renseigner c’est déjà aider, car tu vas donner de l’importance à ce sujet et avoir envie d’en parler autour de toi. Grâce à toi, d’autres personnes vont peut-être s’y intéresser aussi. Et plus on est nombreux à s’intéresser au réchauffement climatique et à en parler, plus on aura de chance de trouver des solutions pour le ralentir.

 

3.2 Apprends à aimer la nature – François Sarano

François Sarano est océanologue et plongeur. Il a travaillé pendant plusieurs années avec le commandant Cousteau. Le commandant Cousteau (1910-1997) était un explorateur qui étudiait les océans et les espèces marines. Il s’est beaucoup battu pour préserver les fonds marins.

Lionel Allorge, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Avant même de changer tes habitudes, François Sarano te conseille d’avoir de la considération pour les êtres vivants autour de toi : “Il faut prendre conscience que l’on est sur le même bateau que d’autres personnes ou d’autres espèces. Il faut prêter attention aux autres sinon ils n’existent pas !”

 

Selon lui, on ne protège que ce que l’on aime et pour aimer il faut connaître. Connaître, ce n’est pas simplement savoir. Cela s’apprend par l’expérience et par l’observation.

 

“Connaître, c’est ressentir et cela s’apprend les yeux dans les yeux. Je dirais donc aux enfants d’amener les parents dans le jardin ou dans la nature et de prêter attention à ce qu’ils voient pour apprendre à l’apprécier : les arbres, les insectes, le ciel… Après cela, on pourra parler des solutions.”

 

3.3 Observe la faune et la flore, mange des fruits et des légumes de saison et pose-toi des questions – Aude Lalis

Aude Lalis est généticienne. Elle étudie la biodiversité et observe en particulier les renards arctiques.

Aude Lalis

Aude Lalis t’encourage elle aussi à observer les arbres et les animaux pour prendre conscience que vous faites partie du même monde. Observe un arbre dans la cour. Imagine ses racines, sa sève qui le nourrit, ses feuilles qui poussent… Toi aussi tu grandis et tu te nourris comme lui. L’arbre te fournit de l’oxygène. Tu as donc besoin des arbres pour vivre et ils ont besoin que tu les protèges.

 

Les animaux jouent eux aussi un rôle essentiel dans la nature : “Si on en enlève un, tout peut s’écrouler. Cet équilibre entre les êtres humains et la nature est fragile, il faut le protéger”. Et cela commence par en parler autour de toi, aux adultes et aux enfants. Prendre la parole, c’est déjà agir pour l’environnement.

 

Aude Lalis te propose de manger des produits de saison. “Quand on peut, il faut essayer de privilégier des aliments locaux, de respecter les saisons et d’apprendre que l’on ne peut pas manger les mêmes produits tout au long de l’année.” Par exemple, quand on mange une tomate en hiver, il faut savoir qu’elle a été produite à l’étranger, sous une serre chauffée et qu’elle a dû longuement voyager en camion jusqu’au supermarché. Finalement, c’est plus logique de manger une tomate en été qui est produite à côté de chez toi. La manger hors saison contribue aux émissions de gaz à effet de serre et aux problèmes liés à l’agriculture intensive hors saison sur les sols et le vivant.

 

Réfléchir au lien entre les actions que l’on fait et se poser des questions est un premier pas, selon Aude Lalis.

 

3.4 Pense à ta façon de consommer – Jérôme Weiss

Jérôme Weiss est un géophysicien qui a longtemps étudié la banquise.

CNRS

Selon Jérôme Weiss, il faut penser à la façon dont on consomme et dont on se déplace pour réduire l’impact du réchauffement climatique.

 

“Quand on achète quelque chose, c’est bien de se demander si c’est nécessaire. Par exemple, a-t-on vraiment besoin de ces nouveaux vêtements ? A-t-on besoin d’un nouveau smartphone ?” Où ont-ils été fabriqués ? Est-ce loin de la France ?

 

Tu es encore trop jeune pour conduire mais il faut aussi penser qu’il vaut mieux utiliser le vélo que la voiture pour les petits trajets. La voiture pollue beaucoup, il faut donc veiller à l’utiliser quand elle est vraiment nécessaire, recommande Jérôme Weiss.

 

3.5 Réduis tes déchets – Joanna Charlin

Joanna Charlin travaille pour l’association Teragir dans laquelle elle est chargée du programme Éco-École. Ce programme aide les élèves à mettre en place des actions pour l’environnement.

Teragir

Si l’on veut agir, on peut essayer de réduire ses déchets, explique Joanna Charlin. Cela passe par des petits gestes : “Évidemment, il faut éviter de gaspiller de la nourriture. On peut aussi essayer de ne pas acheter trop de plastique”.

 

À peine achetés, les emballages doivent déjà être jetés. Pourtant, la fabrication et le transport de ces emballages demandent beaucoup d’énergie. Ce plastique se retrouve aussi très souvent dans la nature ou dans les océans et il arrive jusque dans l’Arctique !

 

Alors, comment faire pour éviter cela ? Par exemple, entre deux produits, Joanna Charlin pense que la quantité d’emballage peut devenir un des critères de choix.

 

4. Par où commencer ?

 

Nos entretiens avec les scientifiques nous ont montré qu’il était très difficile de répondre à cette question : “Que faire pour réduire l’impact du réchauffement climatique dans l’Arctique quand on a 8-12 ans ?”. Chacun a tenté de te proposer son point de vue et de te donner quelques clés pour agir à ton échelle.

 

Une chose est sûre, il n’y a pas de solution magique !

 

Pour réussir dans cette mission, il faut donc commencer par t’intéresser à la nature, aux animaux et au climat pour en parler autour de toi. Chacune de tes actions peut servir : lire un livre sur les animaux, limiter tes déchets, ne rien jeter dans la nature, aller à l’école à pied ou en vélo quand tu peux, demander à un copain de te prêter un jeu plutôt que d’acheter le même…

 

Il est essentiel d’être créatif et de réfléchir à la question tout seul, avec tes copains, ta famille ou en classe. Il y a sûrement de nouvelles idées à trouver et qui sait, tu as peut-être déjà des solutions ?

 

 

Lexique

 

généticienne : scientifique qui étudie la génétique, c’est-à-dire tout ce qui concerne les gênes et l’hérédité.

 

géophysicien : chercheur qui étudie la Terre, sa structure et ses mouvements.

 

océanologue : personne qui étudie la mer, les océans et les espèces qui y vivent.

 

biodiversité : bio vient du grec qui veut dire “vie”. La biodiversité c’est donc l’ensemble des êtres vivants et le milieu dans lequel ils vivent.

 

albédo : pouvoir réfléchissant d’une surface, ou comment une surface renvoie les rayons du soleil.

 

effet de serre : phénomène naturel qui fait que le rayonnement solaire passe à travers. Les activités humaines ont accentué cet effet de serre, ce qui fait que les températures augmentent.

 

chaîne alimentaire : les relations alimentaires entre les êtres vivants. Dans une chaîne alimentaire, il y a les prédateurs (ceux qui chassent) et les proies, ceux qui sont chassés. Certaines espèces peuvent à la fois être des prédateurs et des proies.

 

Sources

 

Communiqué du GIEC de 2019 : https://www.ipcc.ch/

 

Météo France : http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/comprendre-le-climat-mondial/arctique-et-changement-climatique

 

Nos entretiens avec Joanna Charlin, Aude Lalis, Rémy Marion, François Sarano, Romain Troublé et Jérôme Weiss.