11 jokers pour éviter le flop de la philo au cycle 3
4 min. de lectureJ’ai décidé d’éviter les « flops » grâce à cette idée toute bête : inclure les débats philo dans mes séquences de littérature. J’y vois plusieurs avantages.
Il y a quelques années, j’ai testé les ateliers philo avec mes élèves de cycle 3. J’avais simplement lancé un sujet et attendu qu’ils en débattent. Un flop complet. Ils étaient complètement décontenancés par cet exercice d’un genre nouveau… et moi avec !
Quelle place prendre ? Comment relancer et élever le débat ? Et comment « caser » ces temps de débat dans un emploi du temps déjà bien chargé ?
Pssst... On ne lancerait jamais un élève de terminale dans une dissert’ de philo sans lui avoir donné quelques références… il faut aussi donner des billes à des élèves plus jeunes. Les oeuvres de littérature jeunesse forment un cadre familier : l’enseignant et les élèves sont habitués à questionner les textes.
Et si la littérature jeunesse constituait la matière idéale pour débattre ?
1. Aborder la philosophie avec la littérature jeunesse
J’ai décidé d’éviter les « flops » grâce à cette idée toute bête : inclure les débats philo dans mes séquences de littérature. J’y vois plusieurs avantages.
La question de l’emploi du temps est réglée. Ces moments philo sont tout simplement inclus dans les plages horaires consacrées à la littérature.
L’album offre un contexte rassurant pour la prise de parole. Nos élèves (et nous-mêmes) sommes habitués à parler des textes, à les interroger.
Les contes sont un support idéal : ils véhiculent une morale, servent à éduquer, « faire grandir ».
Les débats à partir d’une oeuvre renforcent la connaissance et la compréhension intime de celle-ci. En proposant un débat qui met en avant la portée universelle et philosophique d’un texte, on permet aux élèves de se l’approprier, ce qui n’est pas toujours évident !
Avec mes élèves, nous partons des motivations et des actions du héros. Ils questionnent les conséquences de ces actions et s’identifient ou se distinguent de lui. Ils apprennent ainsi à mettre de la distance entre leur expérience immédiate et le sujet philosophique débattu.
Il est très difficile pour les élèves de quitter le « moi, je… » pour s’élever vers des concepts plus abstraits. Le héros offre une médiation idéale : il permet de se décentrer.
2. Le matériel
Pour votre séance, vous avez seulement besoin d’une oeuvre de la littérature jeunesse, d’un espace qui favorise la prise de parole et de petites cartes philo.
Vous pouvez avoir préalablement étudié l’oeuvre avec vos élèves ou bien être en cours d’étude. On peut aussi partir d’un conte bien connu des élèves.
On pourrait bien sûr écrire tout simplement le sujet philo du jour au tableau, mais j’aime beaucoup le principe des petites cartes. Elles offrent plusieurs variables possibles : on peut lire les différents sujets et laisser le choix aux élèves, ou en faire piocher une au hasard.
On peut aussi les laisser à disposition des élèves (en autonomie, par exemple) en leur proposant de préparer le sujet à l’avance de façon individuelle ou par groupes.
Préparer ses arguments à l’avance permet d’ailleurs aux élèves qui participent peu d’avoir l’occasion de réfléchir et de s’exprimer.
L’espace du débat est également important pour favoriser la prise de parole. Pour ma part, je suis une grande adepte du coin regroupement, même si je sais que peu de classes de cycle 3 en disposent.
On peut y pallier en dégageant un espace où s’asseoir en cercle, en modifiant temporairement la disposition de ses tables, en s’asseyant sur les tables…
Marquer une rupture même symbolique avec les autres temps scolaires favorise les échanges plus spontanés.
3. La place de l’enseignant
En ce qui concerne la position de l’enseignant pendant le débat, j’ai souvent entendu qu’il fallait s’effacer afin de laisser les élèves débattre entre eux. Pour ma part, j’interviens beaucoup. Je reformule et ramène les propos des élèves au sujet : « tu veux dire que… », « si je comprends bien, tu penses que… ».
Peut-être changerai-je d’avis, mais je trouve qu’il est difficile de demander à des élèves de cet âge de ne pas perdre de vue le thème et d’être immédiatement capable de formuler ses idées : un peu de maïeutique est parfois nécessaire !
Après plusieurs tests avec mes élèves, je suis vraiment contente du résultat, même si je n’ai pas encore réussi à « débloquer » certains élèves très timides. Les échanges sont souvent très riches et je constate que la majorité des mes élèves apprécie vraiment ces moments.
Crédit photo : Amandine