La classe flexible idéale à l’école primaire
5 min. de lectureBénédicte expérimente la classe flexible. Elle vous raconte ce qui fonctionne le mieux et comment vous allez vous changer la vie avec peu de matériel.
Enseignante depuis 2010, j’ai toujours voulu repenser l’espace classe qui ne me plaisait pas avec ses aménagements type rang d’oignons ou autobus. Je ne connaissais pas encore la classe flexible.
Avec mon aménagement de l’époque, je perdais l’attention de beaucoup d’élèves coincés au milieu d’un rang ou d’une rangée, engourdis par l’immobilité et peu visibles. J’avais une approche pédagogique frontale. Bien-sûr, on peut se déplacer dans la classe, mais avec des bancs à l’ancienne soudés deux par deux, cela prend du temps. 😉
Mes 6 conseils pour réussir votre classe flexible :
- Ne pas investir tout de suite dans le matériel. Avancez pas à pas en pensant à la récup’, à l’harmonie de la classe et aux types de pédagogies que vous comptez mettre en oeuvre.
- Pensez plutôt “espaces” que “coins” (espace bibliothèque, espace fablab, salon, coussins…). Cela sectorise moins et laisse la liberté de se dire que les élèves passent d’un espace à un autre en fonction de leurs besoins d’apprentissage.
- Pensez que certains enfant ont besoin d’un espace fixe bien à eux et que le mouvement leur correspond moins. Essayez de vous adapter aux besoins de chacun.
- Faites tourner les places ou le matériel très demandé comme les ballons de sport, le canapé, les postes informatiques ou les tablettes en créant une liste de réservation que les élèves remplissent.
- Pensez aux outils de de classe qui calment quand le niveau sonore est un peu trop haut : bâton de pluie, carillon en bois.
- Échangez un maximum avec les autres profs qui pratiquent la classe flexible sur les réseaux sociaux.
Ensemble on va plus loin !
1. Mes débuts en classe flexible
Dès le départ, j’ai constitué un lieu d’échange privilégié avec un tapis, des coussins, un certain confort : la bibliothèque. J’ai voulu très vite transmettre aux élèves l’envie et le plaisir de lire.
Puis, j’ai ajouté un espace informatique avec un ou plusieurs postes sur un côté ou dans le fond de la classe. J’ai déplacé mon bureau au fond, je lui ai donné moins d’importance, mais je n’osais en faire plus. Et puis mon enseignement, en dépit de mes recherches, restait assez traditionnel.
Fort heureusement, j’ai découvert la classe réaménagée lors d’une conférence donnée par Bruno Vergnes à Ludovia, l’université d’été de l’innovation pédagogique à Ax les Thermes. J’ai été vraiment enthousiasmée : les idées de cet enseignant rejoignaient les miennes tout en m’apportant de nouvelles pistes de réflexions. Voir la vidéo.
La classe me semblait trop bétonnée, trop fermée sur elle-même. J’y ai apporté de la vie, des plantes vertes. J’ai insisté auprès de mes collègues pour pratiquer des décloisonnements entre classes, ce que je n’ai eu aucune difficulté à obtenir car c’est une pratique assez courante à l’école.
J’ai réalisé à partir des propositions hyper généreuses de profs blogueurs partageurs, des affichages en couleurs, plus gais, plus enthousiasmants et plus clairs pour les élèves.
2. Ma classe prend forme
Plus tard, en m’inspirant de groupes de classes flexibles auxquels j’ai adhéré sur les réseaux sociaux (facebook) j’ai commencé à apporter des meubles de différentes tailles pour différencier les espaces de travail :
- coussins spéciaux pour le sol posés sur un tapis
- un canapé et un fauteuil pour enfants
- une table basse pour un autre coin de partage et de travail en équipe
- coin maths, coin sciences, coin atelier d’autonomie
J’ai disposé assez rapidement les tables en « E » afin de pouvoir déplacer ou regrouper rapidement les élèves en binômes, en îlots de quatre ou de six, suivant les différents moments d’apprentissage de la journée. J’ai gardé des tables un peu isolées pour les élèves ayant besoin de moments de calme.
J’ai ajouté du matériel pour permettre aux élèves de bouger, de détendre le dos et les différents muscles du corps : ballons ou coussins de sport.
J’ai fini par supprimer totalement mon bureau et les portes en bois d’un grand placard, ce qui m’a fait gagner 4 mètres carrés au sol et j’ai privilégié des petites étagères à la portée des enfants afin qu’ils puissent se servir tout seul en fonction des temps d’apprentissages de la classe.
J’ai encore des difficultés à ne pas fonctionner avec des places dédiées aux élèves, tout d’abord parce que chaque table à un casier et ensuite parce qu’il me semble que certains enfants ont besoin de repères fixes dans la classe et que cela les déstabilise de changer de place de manière incessante sans avoir un lieu fixe et bien à eux.
Ils se déplacent selon les sujets étudiés, (je pratique beaucoup la pédagogie de projet et de recherche en lien avec les Savanturiers, Minestory ou les dispositifs TADAF) mais reviennent à leurs places pour s’entraîner par exemple ou suivre une partie de cours plus explicative.
3. Mes premières réussites avec notre super bibliothèque !
Je suis fière de la bibliothèque qui me semble attractive ! J’en change les livres en présentoir à chaque période afin de renouveler l’intérêt des élèves et après des années de brocantes, de récup et de salon du livre à l’école, j’ai un assez joli stock d’ouvrages. Les élèves lisent les livres des fiches de lecture en classe après les avoir préalablement choisis sur des temps obligatoires de lecture de 20 minutes tous les deux jours.
Ils peuvent lire dans la position qu’ils souhaitent, lovés sur leurs chaises à l’envers au sol avec des coussins, allongés sur des bancs récupérés en maternelle ou sur les tapis, fauteuils…
Ma grande satisfaction cette année c’est d’avoir entendu de la part de plusieurs élèves : « Maîtresse, cette année j’ai découvert le plaisir de lire. Avant je ne savais pas que j’aimais ça. »
De même, grâce à MHM et aux savanturiers, j’ai pu développer davantage en classe la manipulation mathématique et scientifique des élèves, et avec Twictée, la recherche en étude de la langue, l’espace classe permettant aux élèves d’effectuer ces types de travaux en équipes.
Je continue donc à évoluer par rapport à ce concept de classe flexible tout en avançant dans mes pratiques pédagogiques. Cela va de pair. Il faut du temps pour s’adapter, s’inspirer, trouver ses marques. C’est important de le prendre.
Et à l’heure du numérique, les enseignants ont la chance de pouvoir s’enrichir mutuellement via les réseaux sociaux comme Beneylu Pssst, la plateforme des savanturiers, du CRI (centre de recherches interdisciplinaires), la salle des profs twitter, Edutwitt, facebook, les slacks dédiés : Twictée, Minestory, et le petit dernier : Patchwork qui est un groupe de recherches entre pairs très prometteur.