Quand le théâtre débarque dans vos cours d’Histoire
4 min. de lectureEn cours d’histoire, les élèves d’Ombeleen entrent en scène pour comprendre le système de vote sous l’Ancien Régime et pendant la Révolution.
La Révolution Française est un temps de bouleversement important car il permet de comprendre notre fonctionnement politique actuel.
Je fais d’abord une séance entière sur la société de l’Ancien Régime et les privilèges de chaque ordre. Ensuite, une séance théâtralisée est proposée aux élèves pour les aider à comprendre.
Pssst... Je donne à mes élèves les répliques de leurs personnages. Mais les élèves peuvent les écrire eux-mêmes ! Ainsi, ils se prennent au jeu et sont complètement actifs lors de la mise en scène.
L’objectif : comprendre le système du vote par ordre et par tête. En fin de séance, nous faisons un va-et-vient entre ce qu’ils ont mimé, les personnages qu’ils représentent et ce qui s’est réellement passé.
1. Mise en scène : les États généraux
A. Attribution des rôles
Aujourd’hui, nous jouons la séance royale des États Généraux du 23 juin 1789. Même si au départ les 3 ordres travaillaient dans des salles séparées, nous ferons la séance avec le roi directement. Je vous distribue un foulard de la couleur de votre et une carte personnage au hasard.
En rouge : le Tiers-État. En bleu : les nobles. En jaunes : le clergé. En vert : le Roi.
Chaque personnage a vraiment existé et était présent durant les vrais États Généraux. Certains sont même devenus célèbres, nous en parlerons à la fin…
Durant cette période, il y avait 270 députés représentant la noblesse, 291 pour le clergé et 578 pour le Tiers-État.
À la suite du doublement du Tiers-État, décidé le 27 décembre 1788, et du refus de la noblesse de Bretagne de s’y rendre, les députés du Tiers-État étaient majoritaires. Les députés du Tiers-État étaient donc légèrement plus nombreux que ceux de la noblesse et du clergé réunis.
B. Reconstitution
Les élèves rejouent la séance des États Généraux. Ils prononcent des paroles fictives que je leur distribue. Deux élèves sont choisis au hasard pour jouer Louis XVI et le maître des cérémonies, le marquis Dreux-Brézé.
Une fois le débat terminé, j’explique le système de vote par ordre, puis le système par tête.
Un vote par ordre est proposé. Le clergé : 1 voix, NON. La noblesse : 1 voix, NON. Le Tiers-État : 1 voix, OUI.
Un vote par tête est proposé. Le clergé : 5 voix CONTRE. La noblesse : 7 voix CONTRE. Le Tiers-État : 14 voix POUR.
Question : quel est le vote le plus intéressant pour le Tiers-État ? Le vote par tête. Et quel est le vote le plus intéressant pour la noblesse et le clergé ? Le vote par ordre.
C’est ce problème de vote qui va entraîner les événements dont je vais vous parler.
2. Ce qu’il s’est réellement passé
À chaque fois qu’un personnage est nommé, l’élève qui le représente se lève.
En fait les enfants, tout a commencé avec cette histoire de vote par ordre ou par tête. Le roi avait doublé le nombre de députés du Tiers-État. Mais ceux-ci savaient qu’il faudrait réformer le système des votes pour gagner de l’influence.
Les députés du Tiers-État ont donc fait pression pour que ce système change, en vain. Certains députés nobles ou du clergé représentaient le Tiers-Etat (Abbé Sieyès, le Comte de Mirabeau…) et d’autres étaient d’accord avec le Tiers-État dans sa volonté de réformer les impôts.
Le 10 juin 1789, le Tiers-État invite les députés des 2 autres ordres à les rejoindre dans sa salle (3 salles différentes avant la séance royale), sur l’initiative de l’abbé de Sieyès (l’élève qui le représente se lève). 49 députés nobles (faire lever les élèves Clermont-Tonnerre, Louis d’Orléans) et 160 députés du Clergé ont rejoint le Tiers-État. Cela fait 249 députés en plus.
Cette assemblée se proclame « assemblée nationale » car « elle représente 96% de la nation » selon l’abbé Sieyès. C’est une révolution juridique car il n’y a plus 3 ordres.
Réaction du roi : il fait fermer la salle du Tiers-État le 20 juin sous prétexte de travaux.
La nouvelle Assemblée Nationale trouve un autre lieu de réunion à Versailles : la Salle du Jeu de Paume. Le même jour, les députés promettent de ne pas se séparer avant d’avoir rédigé une constitution pour le pays (Mounier se lève).
Pendant la séance royale du 23 juin que nous avons mimée tout à l’heure, cela ne s’est pas tout à fait passé comme ça. Le roi ordonne la dispersion de l’assemblée en la déclarant « anticonstitutionnelle » , c’est-à-dire hors-la-loi.
Il ordonne aux 3 ordres de siéger séparément, casse les délibérations du Tiers-État mais consent à l’égalité fiscale. Puis il menace ceux qui n’écouteraient pas.
Le Tiers-État demeure immobile alors que la noblesse et le clergé obéissent. L’ordre est transmis à Bailly (faire lever Bailly) qui aurait répondu « la nation assemblée ne peut recevoir d’ordre ». Et Mirabeau (faire lever l’élève) aurait déclaré « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ».
Louis XVI cède et ordonne la réunion des 3 ordres : il n’y a plus d’états généraux, ni les 3 ordres et l’autorité du roi est passée sous le contrôle d’une assemblée. Le 7 juillet, c’est l’Assemblée Nationale constituante. La France s’achemine vers une monarchie constitutionnelle, à condition que le roi et la noblesse l’acceptent.
Le 8 juillet 1789, le roi rassemble des troupes sur le champ de mars à Paris et autour. Mirabeau demande leur éloignement car les députés craignent que le roi ne disperse ainsi l’assemblée.
Le 11 juillet 1789, Louis XVI renvoie son ministre Necker (faire lever l’élève), très populaire, et le remplace par une personne hostile à toute réforme. Il fait rentrer ses garnisons dans Paris.
Le 12 juillet 1789, le journaliste Camille Desmoulin (faire lever l’élève) appelle le peuple aux armes.
Le 14 juillet 1789, c’est la Prise de la Bastille. C’est aussi le premier massacre : tous les gardes de la Bastille sont tués et leurs têtes promenées au bout d’une pique à travers les rues de Paris. Dans la prison de la Bastille, il n’y avait que 7 prisonniers. C’est le pouvoir judiciaire du roi qui est visé.
Louis XVI envoie les garnisons hors des murs de Paris, rappelle Necker et reçoit la cocarde tricolore (rouge/bleu = Paris, blanc = monarchie).
La milice bourgeoise s’organise sous la houlette de La Fayette.
En province, à partir du 20 juillet 1789, c’est la Période de la Grande Peur. Les rumeurs de complot se faisant de plus en plus insistantes, les paysans s’arment et incendient plusieurs châteaux seigneuriaux. Ils brûlent également les titres seigneuriaux qui établissaient la domination économique et sociale de leurs propriétaires.
Le mouvement s’apaise le 6 août 1789 après que le clergé et la noblesse ont décidé d’abolir leurs privilèges durant la nuit du 4 août 1789. C’est la fin de la féodalité, l’abolition des trois ordres et de leurs particularités (fiscale, militaire et judiciaire). C’est aussi l’unification du territoire national : jusqu’alors, chaque commune, paroisse, province avait ses propres privilèges.
Le 4 Août 1789, c’est Le Chapelier (faire lever l’élève) qui préside la séance sur l’abolition des privilèges.
3. Qui étiez-vous ?
Je vais vous raconter la suite de la vie des personnages célèbres que vous avez joués. Vous vous lèverez quand on parlera de votre personnage.
À la prochaine séance, nous verrons en détails les événements de l’année 1789 et nous ferons un résumé.
4. Les élèves racontent
Louise : « Ce que j’ai aimé c’est quand on saluait le roi et que les foulards montraient les 3 ordres ». Marianne : « J’ai compris ce qui s’était passé durant les États Généraux. Se mettre dans la peau d’une personne, c’est mieux pour comprendre ». Loane : « On était vraiment comme à l’époque. Le roi commandait tout, il avait les 3 pouvoirs et après il allait être comme les autres ». Gabriel : « La Révolution s’est déclenchée à cause des votes par ordre ». Stéphanie : « J’ai bien aimé connaître la vie de mon personnage ».
Vous savez maintenant comment expliquer simplement le vote par ordre et le vote par tête à vos élèves !
Crédit photo : Ombeleen