Expédition frigorifique dans l’Arctique canadien

Épisode 1 : Tous à bord du Fridtjof Nansen !

Image par OpenClipart-Vectors de Pixabay

 

Saint-Pierre-et-Miquelon, l’archipel français

 

Saint-Pierre-et-Miquelon est un archipel français composé de 8 îles, qui s’étend sur 242 kilomètres carrés. C’est un territoire qui appartient à la France, même s’il est éloigné de la France métropolitaine.

 

Saint-Pierre-et-Miquelon compte 6 000 habitants. On les appelle les Saint-Pierrais et les Miquelonnais.

 

Source : outre-mer.gouv.fr

« Brabrabra, es-tu sûre que nous sommes au port de Saint-Pierre ? Et non au port de Miquelon ? » s’inquiète CARLA.

 

« Rôôô, mais oui c’est le bon port… », bougonne Brabrabra. Elle a tendance à s’impatienter, à mesure que son estomac se vide.

 

Nous tournons en rond à la recherche du brise-glace canadien, le Fridtjof Nansen. L’endroit est fascinant mais j’ai peur que nous rations le départ tant attendu…  Et j’ai trop chaud avec ma doudoune. L’été dans l’Arctique, il fait moins froid que ce qu’on imaginait. Ce matin, il fait 15° C degrés ! Même pas l’ombre d’un flocon de neige ou d’un morceau de glace ici…

Rémy Marion Pôles d’Images remymarion.fr

Les défis de l’Arctique

Le réchauffement climatique est différent selon les endroits de la planète. En Arctique, l’augmentation de la température est deux à trois fois plus importante qu’en France.

Avec le réchauffement climatique, la banquise diminue. L’océan capte les reflets du soleil et se réchauffe plus vite. Les glaciers commencent alors à fondre. Ils se déversent dans les océans et font augmenter le niveau de la mer.

Les conséquences sont multiples : la banquise se forme plus tard et part en morceaux plus tôt. Les courants marins se déplacent ce qui perturbe l’environnement. Des espèces de poissons déménagent et les phoques doivent les suivre pour se nourrir. Leur départ devient un problème pour les carnivores de la région. C’est une réaction en chaîne !

« L’Arctique est un grand tout. Quand on bouge une petite pièce, tout peut se modifier ».  Rémy Marion, grand voyageur

Source : Extrait du dossier sur l’Arctique canadien de Beneylu

Notre Brabrabra internationale a été invitée à bord d’une expédition scientifique canadienne, dans le but de tester sa dernière invention dans les conditions extrêmes de l’Arctique canadien.

 

Nous allons donc monter à bord d’un brise-glace, aux côtés d’un équipage de scientifiques chevronnés, afin de sillonner l’Arctique canadien au gré de leurs expériences. Brabrabra pourra tester sa mystérieuse invention sur la glace.

 

Si son invention résiste aux conditions climatiques, elle pourra être utilisée dans les futurs voyages spatiaux pour régaler les astronautes ! On ne sait pas encore bien ce que c’est, Brabrabra garde le mystère, mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas passer à côté d’une opportunité pareille.

L’Arctique canadien en bref

 

Territoire canadien composé de 94 îles principales et 36 469 îles secondaires.

 

Superficie : 1,4 millions de km²

 

L’île de Baffin est plus grande que le Royaume-Uni.

 

Population : 14 000 habitants, soit 1 habitant pour 100 km².

 

Langues : L’Anglais et l’Inuktitut, la langue des Inuits.

 

Quelques mots à retenir : “Inuit” signifie “homme” en Inuktitut. “Anorak” signifie “vent”.

 

Capitale : Iqaluit, 77 000 habitants.

 

Climat : En été, il peut faire 15° C à 20° C à certains endroits !

 

Animaux : On peut apercevoir des caribous, des bœufs musqués, des renards arctiques, des loups arctiques, des lemmings, des lièvres arctiques, 60 espèces d’oiseaux, des ours polaires, des morses, des phoques, des baleines, des narvals et des bélugas.

 

Source : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/archipel-arctique

Dernier souvenir de la France, à nous l’Arctique canadien !

“Brabrabra, Beneylu Jim et CARLA sont attendus à bord” crie un haut-parleur. Nous nous retournons et découvrons le gigantesque brise-glace. Comment avons-nous fait pour le manquer ?!

Henry van der Weyde (George Grantham Bain Collection – Library of Congress), Public domain, via Wikimedia Commons

Qui es-tu Fridtjof Nansen ?

Fridtjof Nansen (1861-1930) est un explorateur scientifique norvégien. Il a réalisé la première traversée intérieure du Groenland en 1888 et a exploré l’Arctique de 1893 à 1896. C’était aussi un champion de ski et de patinage sur glace dans sa jeunesse ! Ses innovations dans le déplacement du matériel et dans l’équipement ont révolutionné les expéditions polaires. Fridtjof Nansen a obtenu le prix Nobel de la paix en 1922 pour son aide aux réfugiés et aux victimes déplacées de la Première Guerre mondiale.

Source : frammuseum.no

Nous voilà maintenant à bord du Fridtjof Nansen ! Après nous être rapidement installés dans nos cabines, nous avons droit à un repas de bienvenue. Un repas ? Non. Un banquet ! Brabrabra est survoltée devant tous les plats de poisson.

 

Je profite de faire la queue au buffet pour discuter avec les membres de l’équipage quand tout à coup, j’entends une voix familière s’adresser à Brabrabra.

 

« Jeune fille, si vous aimez le poisson, vous allez vous régaler à bord. Le cuisinier du Fridtjof Nansen est incroyable. »

 

Nom d’un labbe à longue queue ! C’est Rémy Marion, le grand voyageur et fin connaisseur des ours polaires. J’ai toujours admiré son travail…

Nous profitons du repas pour faire connaissance avec lui.

 

« C’est votre première expédition dans l’Arctique canadien ? » nous demande Rémy Marion.

 

C’est une grande première pour nous en effet, on ne pouvait pas manquer une telle aventure ! Rémy Marion nous propose d’être notre guide tout au long du voyage. Quelle chance !

CARLA roule déjà des mécaniques en expliquant qu’il est venu piloter le brise-glace, son rêve depuis tout petit.

 

Il n’était pourtant pas très partant pour nous accompagner dans l’Arctique canadien au début : “Il fait trop froid… Il y a de gros animaux là-bas, non ?!” Mais, quand Brabrabra lui a parlé du brise-glace… Il a vite changé d’avis.

« Que de mystères… J’ai hâte d’en savoir plus Brabrabra ! Notre expédition est uniquement composée de chercheurs et de scientifiques canadiens. Ils parlent donc français. Vous aurez l’occasion de les rencontrer pendant notre long périple et ils vous raconteront sur quoi ils travaillent. Voici déjà Madame Limande. » présente Rémy Marion.

 

Madame Limande est une biologiste de la mer, spécialisée dans les poissons de l’Arctique canadien.

 

« Bienvenue à bord, ravie de voir des jeunes s’intéresser à l’Arctique canadien et friands de poisson. Profitez de votre repas, ici, nous ne pêchons quasiment plus que des fruits de mer à cause des dégâts de la pêche industrielle ».

Je m’empresse de corriger CARLA : “Les fruits de mer, ce sont les crustacés, les coquillages et les mollusques”.

 

Madame Limande nous parle de l’océan Atlantique et de l’urgence de préserver les espèces de poissons.

 

Je complète : “La pêche industrielle intensive menace la faune marine locale. Heureusement, la mise en place de quotas peut sauver les espèces”.

 

Omni se réveille enfin, le tangage du brise-glace avait dû engourdir ses circuits électroniques… “Quotas de pêche ! L’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer lance un programme de comptage de poissons. En effet, les stocks de poissons ayant été surexploités par l’Homme, une gestion plus ou moins durable se met en place…”

La pêche industrielle à Saint-Pierre-et-Miquelon

La pêche de la morue à Saint-Pierre-et-Miquelon existe depuis l’arrivée des premiers colons français au 17ème siècle et a fait la fortune de l’île.

C’est après la Seconde Guerre Mondiale que la pêche industrielle intensive se développe, avec l’apparition des chalutiers-usine. Ce sont d’énormes bateaux sur lesquels on pêche et prépare des tonnes de poissons.

Cette surconsommation de morues a rapidement menacé l’espèce. En 1992, des quotas de pêche ont donc été mis en place pour protéger la morue.

Les pêcheurs se tournent maintenant vers les fruits de mer ou se reconvertissent dans d’autres secteurs d’activité.

Source :
· wwz.ifremer.fr

Que pêche-t-on à Saint-Pierre et Miquelon ? 

 

Le saumon

Fish and Wildlife Service, Knepp, Timothy, Public domain, via Wikimedia Commons

La morue

Image par OpenClipart-Vectors de Pixabay

Le homard

Image par Erwin Cox de Pixabay

La pétoncle

Image par Wolfgang Eckert de Pixabay

Le crabe des neiges

Image par PublicDomainPictures de Pixabay

L’espadon

Image par OpenClipart-Vectors de Pixabay

Source : agriculture.gouv.fr

Après le repas, Rémy Marion nous fait visiter le Fridtjof Nansen. Nous traversons les étroits couloirs métalliques du bateau pour nous rendre dans les différents espaces de recherche. Rémy Marion nous explique que les brises-glaces privilégient le travail au confort.

Comment le brise-glace traverse-t-il la glace ?

Ces gigantesques bateaux sont constitués d’une coque renforcée et ont une puissance suffisamment importante pour pouvoir traverser la glace.

Le brise-glace ne brise pas la glace mais l’écrase. La vitesse et la forme particulière du bateau lui permettent de glisser sur la glace, puis, avec son poids, de l’écraser, en formant un sillon derrière lui. La fissure qu’il laisse se referme rapidement et permet même à la faune de se nourrir plus facilement après son passage.

Les utilités du brise-glace sont multiples : tracer des routes pour les autres navires, secourir les bateaux coincés dans la glace ou emmener des expéditions scientifiques dans le Grand Nord.

Source : www.thecanadianencyclopedia.ca

Nous sortons ensuite sur le pont et faisons le tour du navire. À l’arrière, une étonnante surprise nous attend : ce bateau est si grand qu’il possède son propre héliport ! L’hélicoptère sert à faire de la reconnaissance et à communiquer avec d’autres bateaux. Peut être que nous aurons la chance de l’utiliser pendant notre aventure, CARLA en serait fou !

 

D’ailleurs, où est-il ?

 

Je pars à sa recherche et le trouve à quelques mètres, fixant le haut parleur du bateau qui nous communique les informations.

Je n’ose expliquer à CARLA qu’il n’y a personne derrière le micro. C’est une voix de synthèse… Je m’apprête à le laisser avec son nouveau coup de cœur quand Rémy Marion s’approche de nous avec un sourire amusé.

 

« Prêts à dire au revoir à la nuit ? »

 

Il a raison, il est 21h et le soleil brille comme ce midi… Le rythme du soleil est totalement différent ici pendant l’été.

Nuits et jours polaires

La Terre n’est pas éclairée par le Soleil de la même manière toute l’année. C’est en raison de sa forme arrondie et de ses mouvements. La Terre tourne sur elle-même mais aussi autour du Soleil. Partout dans le monde, on peut observer ce phénomène au moment des saisons.

Dans l’Arctique, c’est un peu différent !

L’hiver, la nuit dure toute la journée. Le soleil ne se lève pas. C’est ce qu’on appelle une nuit polaire. Pendant l’été, c’est l’inverse, le soleil ne se couche pas. C’est le jour polaire.

Ce phénomène s’explique par l’inclinaison de la Terre. Plus on se rapproche des pôles, plus les périodes de nuit et de jour polaire sont longues.

Les cercles polaires arctique et antarctique sont parallèles. Les rayons du soleil ne peuvent pas atteindre les deux pôles au même moment. Lorsqu’il fait jour en Arctique, il fait nuit en Antarctique. Lorsque c’est l’hiver en Arctique, c’est l’été en Antarctique !

Imagine, dès le mois d’avril, les enfants peuvent jouer dehors au grand jour à 2h du matin !

Source : Extrait du dossier sur l’Arctique canadien de Beneylu

Brabrabra semble inquiète : « Pas de nuit ? Mais quand vais-je terminer mon invention ? »

 

“Tu n’es pas venue avec une invention au point ?” s’étonne Rémy Marion.

 

Il ne connaît pas encore notre Brabrabra, spécialiste du bricolage nocturne et des projets de dernière minute !

 

Toujours en pleine forme avec ce grand soleil, nous décidons de passer la soirée dans le salon du brise-glace. Rémy Marion nous propose de nous raconter l’expédition Franklin. Je connais bien cette expédition qui a mal fini…

 

Brabrabra nous demande ce qu’ils mangeaient à bord à l’époque, tout en s’enfilant quelques-uns des desserts qu’elle a chipés dans les cuisines du brise-glace.

 

CARLA, qui a retrouvé ses esprits s’inquiète un peu : “Ce n’est pas une histoire d’horreur j’espère ?”. La lumière tamisée du salon et la voix profonde de notre conteur l’inquiètent déjà.

 

Rémy Marion sourit et lui précise que nous emprunterons un morceau de l’itinéraire de l’expédition Franklin, bien que cet équipage malchanceux ne soit, lui, jamais arrivé à bon port…

L’expédition Franklin

L’expédition Franklin est une expédition polaire britannique du 19ème siècle menée par le capitaine John Franklin. Son but était de réussir la première traversée du passage du Nord-Ouest et d’explorer l’Arctique.

Le HMS Erebus et le HMS Terror partent d’Angleterre en 1845. Mais, après avoir traversé l’Atlantique et rejoint le Groenland, l’expédition disparaît dans l’archipel Arctique canadien…

Source : www.nationalgeographic.fr

Contrairement aux apparences, il est déjà tard. Nous filons au lit en tentant de rassurer CARLA. Aujourd’hui, nous sommes mieux équipés qu’à l’époque, on ne se perdra pas dans l’Arctique canadien.

 

Omni, lui, sort un tas de statistiques sur les risques encourus dans l’Arctique canadien, ce qui, après avoir fait peur à CARLA, finit par l’endormir…

 

Le lendemain, je me lève de bonne heure. Difficile de régler mon horloge biologique sur ce nouveau rythme solaire ! Je rejoins Brabrabra sur le pont pour admirer la vue. Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. CARLA se lève aussi. Apparemment, il a fait des cauchemars ! Nous rêvassons en contemplant la mer quand soudain, nos yeux cernés s’écarquillent…

 

Un iceberg !!!

Beneylu Jim