5 réflexes à piquer pour devenir un champion en orthographe
6 min. de lecture5 bons réflexes aident les élèves à devenir des champions en orthographe. Prenons-les.
14 années en segpa, c’est la certitude de croiser une dizaine d’élèves par an qui oublieront comment écrire les mots vus en classe.
Parmi ceux-là, un pourcentage non négligeable met toute la bonne volonté du monde pour les apprendre, en employant des techniques parfois rocambolesques, avec tout leur coeur et un temps fou au quotidien.
Cela pour un résultat équivalent à celui des élèves qui ne font même plus l’effort après des années d’échec…
Alors quoi ? On continue comme ça ?
Mémoriser des mots, c’est d’abord mémoriser… et ça, ils savent tous le faire, il suffit de les entendre chanter à tue-tête par cœur les tubes qui leur plaisent. Ou décrire et nommer tous les Pokémons avec leurs évolutions !
L’ASH (Adaptation scolaire des élèves handicapés), c’est justement trouver les chemins de traverse.
5 bons réflexes aident les élèves à devenir des champions en orthographe. Prenons-les.
Réflexe n°1 : s’équiper
J’ai souvent utilisé le lexique de Bruce Demaugé à la place du dictionnaire.
Sa technique pour apprendre l’orthographe repose sur :
- Je lis le mot les yeux ouverts
- Je lis le mot les yeux fermés
- J’écris le mot les yeux ouverts
- J’écris le mot les yeux fermés.
Je couple avec la méthode Picot « je mémorise et je sais écrire des mots » éditée chez Canopé et Nathan, à rencontrer sur Lea.fr pour discuter de sa méthode.
Réflexe n°2 : faire feu de tout bois
Mémoriser de tout, tout le temps. Utilisons les mots importants de l’histoire-géo, des sciences, les poésies…
Comme cela n’est pas immédiat, rendons le tout plus joyeux avec des rituels et des jeux !
Les mots importants des leçons font l’objet de mémorisation collective avec
- des trouvailles :
- des moyens mnémotechniques
- des affichages interactifs
- des jeux de cartes personnalisés
- des cartes de nomenclaturedes chants et des raps écrits par les élèves…
Tout est bon !
Une fois trouvé ce qui aide, on ritualise : concours de fluence pour découvrir des orthographes spéciales, concours d’épellation à l’Américaine, défi (dictée de 5 mots rapide, avec concours), coopération par équipe sur des orthographes à trouver (type dictée négociée), défi conjugaison…
Réflexe n°3 : prendre le temps
Laisser quelques jours ou laisser quelques mois ? Il faut s’adapter à chacun et donc prendre du temps pour chacun.
D’où une organisation en ateliers pour avoir au moins 15 minutes 2 fois par semaine avec chaque élève.
Les ateliers tournent sur la semaine et les moments pour prendre un groupe en atelier sont ceux libérés par les méthodes utilisées : moment des exercices Picot pour les autres élèves, d’écriture ou de lecture.
C’est lors de ces moments privilégiés avec un petit nombre qu’on peut repérer les difficultés, les faire verbaliser et lancer les mécanismes qui aideront ensuite.
Réflexe n°4 : organiser sa classe
La classe doit être le lieu des choix, afin que ce soit la motivation qui guide l’élève.
Je mets à disposition de nombreux centres (vocabulaire, orthographe, poésie, copie, mais aussi histoire, géographie, sciences… ) que l’élève peut rejoindre sur les moments de creux ou d’activités autonomes.
Comme pour la ritualisation, tous les supports sont bons.
Le centre de vocabulaire présente beaucoup de jeux mais également des cartes de nomenclature, dénichés sur des sites se réclamant de la pédagogie Montessori ou des blogs d’école à la maison.
Ces mêmes cartes se retrouvent en histoire, en géo, en science et permettent la mémorisation de nombreux mots que les élèves peinent à retenir.
Le centre d’orthographe dispose de 2 à 3 places. Il propose d’un côté des cartes avec tous les mots à retenir dans l’année (soit ceux de la méthode Picot et les mots invariables), en 3 écritures (majuscule d’imprimerie, script et cursive).
De l’autre côté, on y trouve des cartes d’activité permettant à l’élève de travailler ses mots et mémoriser leur orthographe.
Même mes grands 16 ans ont aimé jouer leurs mots avec la pâte à modeler ou les fils chenilles !
Ajoutons à cela 2 murs de mots dans la classe.
L’alphabétique où l’on choisit ensemble d’accrocher un mot qui nous a plu, qu’on a compris bien que compliqué, qu’on sait écrire bien qu’il soit difficile et qui sert de référent le reste de l’année.
Et celui des synonymes pour les mots fatigués, ces mots qui servent tout le temps et qu’on pourrait dire autrement…
Là encore, c’est un référent aussi bien pour l’écriture que pour le vocabulaire et l’orthographe donc.
Réflexe n°5 : montrer les progrès
C’est le point douloureux et révélateur… une orthographe n’est acquise que si l’élève réitère l’écriture juste dans d’autres domaines.
Je la pense aussi quasi acquise quand l’élève sait se corriger.
La première étape est bien entendu de trouver le mot bien écrit dans la dictée de la semaine ou les écrits du jour. Ensuite, il faut continuer à les faire écrire beaucoup et lire beaucoup.
Ces mêmes élèves qui travaillent en atelier en grammaire, en orthographe ou fréquentent les centres proposés dans la classe sont en atelier écriture une fois par semaine et lecture tous les jours.
C’est l’ensemble qui les rend efficaces pour retenir les mots qui ne restent pas… Et comment on le voit ?
En utilisant des graphiques individuels de pourcentage de réussite en dictée, mais également des grilles d’évolution pour les productions d’écrits (+/- longues, +/- bien écrites/corrigées) et d’endurance en lecture (je connais plus de mots, je les reconnais, je lis avec plus de fluidité et je tiens plus longtemps).
Là, il est temps de leur faire remarquer leurs progrès, en explicitant avec soin quels mots ils savent écrire mieux qu’avant.
C’est là encore une façon d’entériner l’orthographe de ce mot dans leur tête, mais surtout de les motiver ! Et de les rendre en même temps fiers d’eux, et maîtres de leur orthographe !
Crédits photo : le livre de Sapienta