Faites-les grandir

Chaque année, nous tentons de donner confiance à nos élèves, de développer leur autonomie, de les faire grandir ! Mais, quelles sont les astuces VRAIMENT efficaces ?

Voici ce qui a le mieux fonctionné cette année dans ma classe de CM1/CM2.

Pour libérer l’écriture, mes élèves écrivent sur un compte twitter ouvert exprès pour eux. Le format court est encourageant et les élèves se réjouissent de pouvoir être lus et commentés par tout le monde.

Voici les 5 activités testées et approuvées par ma classe pour donner des responsabilités à mes élèves et les rendre débrouillards.

1. Créer un journal de classe

Dès le début de l’année les élèves coopèrent pour construire leur 1er journal de classe. Leur défi ? Le créer en une semaine !

Les élèves proposent tous les sujets dont ils aimeraient parler et nous les notons au tableau : le jour de la rentrée, l’interview des maîtresses, la cantine, l’actualité sportive… les idées fusent !

Ils forment ensuite des groupes par affinité et choisissent les thèmes qu’ils veulent traiter. Ils adorent “poser des questions aux grands”, faire la visite commentée de la classe et présenter les activités de la cour de récréation.

Une fois les groupes établis, ils se mettent au travail avec des livres ou sur l’ordinateur. Certains prennent le rôle de journalistes et vont interviewer les maîtresses, les autres élèves ou le personnel de l’école. Il y en a même qui prennent des photos.

Nous choisissons ensemble le support de rédaction : un logiciel de traitement de texte pour imprimer le journal ou un logiciel de création de journal numérique pour le publier en ligne.

Généralement, le papier l’emporte car les élèves aiment avoir chacun un journal imprimé à ramener à la maison et montrer à leur famille. C’est aussi l’occasion d’en faire une grande affiche pour la classe.

Ce sont eux qui font tout ! C’est formidable pour donner un rôle à chaque élève dès la rentrée.

Tout au long de l’année, je propose ainsi à mes élèves de mettre en valeur leurs écrits grâce à des supports variés : petits livres (à construire soi-même pour y raconter des histoires, y faire des bandes dessinées…), journal en ligne, blog Beneylu School, twitter…

2. Laisser les élèves choisir leurs poésies

Toutes les 3 semaines, je propose un thème lié à nos projets de classe et les élèves choisissent parmi 10 à 15 poésies. Ils ont ensuite 3 semaines pour la recopier, l’illustrer et la réciter.
Ils s’organisent donc et me disent le matin quand ils veulent passer.

3. Mettre en place des plans de travail

En français et mathématiques, leur programme est réparti en plans de travail : les élèves choisissent l’ordre des compétences qu’ils souhaitent travailler. À la fin de l’année, ils remplissent seuls leur feuille de route en notant les compétences à retravailler, à approfondir ou à découvrir. S’investir dans son travail aide à progresser.

Nous utilisons un code couleur pour définir les acquis (vert quand l’exercice est juste du premier coup, bleu lorsqu’il est juste après correction, orange lorsqu’il reste erroné après plusieurs corrections).

Après mes corrections, les élèves reportent les couleurs de leur cahier de suivi sur le tableau des suivis affiché dans la classe. C’est un bon moyen pour les responsabiliser.

Que se passe-t-il pour les moins autonomes ? La mise en route prend simplement plus de temps. Quand au bout de quelques mois, ils réalisent que certains ont tout fini avec de l’avance, ils se disent : “Et pourquoi pas moi ?”
Au fil de l’année, je m’adapte aux avancées de chacun. Par exemple si je vois qu’un élève n’a toujours pas compris les divisions, je lui en propose à nouveau dans le plan suivant et j’allège une leçon à venir.

4. Exprimer ses émotions

Il est très important aussi que chacun exprime ses émotions. C’était d’ailleurs le fil rouge de notre année. Voici quelques-uns des outils de la classe :

La météo du jour : en fin de journée, les élèves lèvent tous la main d’une façon particulière pour exprimer leur sentiment (poing serré=nuage : journée mitigée ; doigts vers le bas=pluie : mauvaise journée ; doigts vers le haut=soleil, journée merveilleuse

Ce moment me permet en un coup d’oeil de connaître l’humeur globale de la classe. Il est très rare que beaucoup d’élèves fassent le symbole de la pluie. Mais si cela arrive, nous pouvons immédiatement en discuter pour comprendre et trouver des solutions au problème.

Quelques élèves sont interrogés chaque jour pour expliquer leur choix. À la fin de la semaine, chacun a pu s’exprimer une ou deux fois.
L’échelle des émotions : sur notre porte sont accrochées des étiquettes où l’on peut lire « mot qui font sourire, qui peinent, fatiguent… ». Chaque fois qu’ils le désirent (le matin en arrivant ou en revenant de la récré), les élèves déplacent leur étiquette prénom en face de leur émotion du moment.

Tous jouent le jeu et c’est un excellent moyen pour que les élèves osent exprimer ce qu’ils ressentent.
Les chaudoudoux : Nous avons étudié (parmi d’autres) l’album Les contes chauds et doux des chaudoudoux, illustré par PEF. Nous avons décidé de fabriquer nos propres chaudoudoux, symboles de générosité. J’ai commencé par en offrir un en papier aux élèves puis chacun a fabriqué le sien en pompon.

Le jeu de l’ange gardien : chacun pioche un petit papier avec un prénom. ll doit alors être attentif à cette personne en lui rendant service

Au bout du temps fixé, nous faisons le point. Les élèves découvrent que parfois les attentions sont si discrètes qu’on s’en aperçoit à peine (tenir une porte, ramasser un stylo tombé…).
Ce jeu apporte une belle attention des élèves les uns envers les autres. Il est à reconduire souvent !

5. Favoriser les projets individuels

Je porte aussi une grande importance au développement personnel de l’élève. Chacun a le droit de proposer une activité/un projet durant l’année à la classe. On peut ainsi avoir des exposés mais aussi des projets plus denses.

Cette année, deux de mes élèves, inspirées par l’activité d’une autre classe de l’école, ont monté leur propre course d’orientation sur le thème des plantes et des animaux. Elles ont préparé des étiquettes avec toutes les questions et pris des photos indices. Puis, les participants ont cherché les étiquettes cachées dans la cour.

Ils ont aussi la possibilité depuis cette année de réaliser leurs propres leçons sous différents formats :

• Des vidéos  (faites à partir d’un logiciel adapté)
• Des affiches
• Des enregistrements sonores

Les élèves me proposent leur création. Je regarde avec eux s’il y a quelques corrections à apporter et les voilà qui se transforment en professeurs ! Ainsi, ils apprennent différemment et mémorisent mieux.

Pour apprendre à coopérer il faut une ambiance générale et d’autres mises en place existent : conseil des élèves, travail de groupe, tutorat…. et faire classe devient un vrai plaisir !

Crédits photo : Romance – Pixabay