Comment donner vie à leurs récitations
3 min. de lectureEn classe, la poésie devient une même récitation, répétée encore et encore… Au secours ! Il y a pourtant tant à imaginer avec la poésie ! Allons voir ça.
En classe, la poésie devient une même récitation, répétée encore et encore, avec beaucoup d’hésitations, parce que les élèves se sont ennuyés à l’apprendre… Au secours !
Il y a pourtant tant à imaginer avec la poésie ! Allons voir ça.
Vous voulez que les élèves prennent plaisir à réciter leurs poésies ? Laissez-les choisir les poésies qu’ils préfèrent.
La poésie est au programme de l’école primaire. C’est joli la poésie, lisez plutôt :
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne…
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit…
Demain, dès l’aube, à l’heure …
Ne partez pas !
Et si nous trouvions une autre approche en classe ? Personne ne devrait être contraint d’entendre 25 fois une poésie… qu’on aimait pourtant, au début de la journée…
J’ai décidé, dans ma classe, de faire partager mon goût pour la poésie à mes élèves et de créer un lien entre la poésie et les autres disciplines.
Une mise en voix culturelle
L’enseignement traditionnel de la poésie ne me convenait plus et ne profitait pas à la classe. C’était même parfois l’opposé de l’image que j’avais de mon métier et de la poésie.
Je voulais que mes élèves trouvent du plaisir dans l’étude de textes poétiques, dans la récitation…
Un lundi sur deux, je présente un texte poétique à ma classe. Les élèves étudient :
- le thème
- le(s) lexique(s) qui vient enrichir notre mur de mots
- la forme : vers, phrases, strophes, rythme, rimes…
- les émotions du narrateur et celles du lecteur.
Puis, chaque après-midi, j’offre à mes élèves une œuvre artistique : une image, une sculpture, une vidéo, une musique, un texte…
Les enfants l’analysent (description, format, couleur, point de vue, lumière, composition…) et cherchent un lien avec la poésie du moment. Ils collent ensuite une miniature ou une référence de l’œuvre sur la page traditionnellement réservée à l’illustration.
Ainsi, cette page illustrée du cahier de parcours culturel prend la forme d’un scrapbooking.
Le lundi suivant, je propose une rédaction en lien avec la poésie : cela peut être une création poétique (mot-valise, acrostiche, calligramme…) ou une production sur un sujet choisi en lien avec le texte (les métiers du futur, l’interrogatoire d’un assassin…).
En avant pour les récitations !
C’est surtout sur le point des récitations que ma pratique de classe est bouleversée.
Dès la première poésie étudiée en début d’année, je mets à l’entrée de la classe une fiche d’inscription. Les élèves viennent écrire leur prénom pour réciter le jour de leur choix, la poésie de leur choix. Ils piochent leurs poésies préférées dans le cahier de parcours culturel.
Deux places sont libres pour chaque après-midi : aussi, la classe accorde toute son attention aux deux récitations proposées chaque jour. Et ce, pendant toute l’année !
Je ne donne aucunes consignes précises. J’indique aux élèves qu’ils sont libres de réciter leur poésie comme ils le souhaitent.
Et surtout, je ne les force pas à s’inscrire et il n’y a pas de limite de passage. Certains élèves seront passés 20 fois dans l’année alors que d’autres ne seront passés que 3 fois mais chacun y aura pris du plaisir.
Dès que le dispositif est en place et bien assimilé par les élèves, je leur souffle quelques idées supplémentaires en rapport avec les autres leçons. Par exemple, quand nous venons d’étudier la lecture dialoguée, je leur glisse qu’on peut faire la même chose pour les récitations.
Des résultats renversants !
Les enfants qui s’inscrivent se sont réellement préparés et les propositions sont aussi riches que réussies ! Je n’ai eu aucune poésie bafouillée, elles étaient toutes connues parfaitement.
Une élève très timide de la classe m’a demandé d’aller dans le couloir avant de commencer sa récitation. Elle est revenue déguisée en papillon et est montée sur une table pour réciter Le papillon de Robert Desnos.
6 élèves ont récité à l’unisson Le Cancre de Jacques Prévert, une performance épatante !
D’autres ont plutôt opté pour la récitation dialoguée, mimée et même chorégraphiée ! Notre classe a ainsi assisté à Ponctuation de Maurice Carême où les élèves avaient prévu tous leurs déplacements pour se passer la parole.
D’autres idées sont à creuser. L’année dernière, mes élèves pratiquaient la poésie sauvage : au milieu de la journée un élève pouvait entrer dans une autre classe, réciter sa poésie, puis revenir.
“À l’heure où blanchit la campagne, je partirai, vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt, j’irai par la montagne, je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps…”
Les élèves comme leur maîtresse partagent désormais un goût immodéré pour la poésie !
Crédits photo : Mageli design, Pixabay, Wikimedia Commons